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en aide aux ouvriers sans travail, et comme les misères produites par la stagnation commerciale sont grandes, on veut provoquer une souscription publique. Donc la sagesse dans les moyens employés, l’économie des ressources, la prévoyance salutaire des momens difficiles, des diminutions de revenus accompagnées presque toujours d’augmentations de dépenses, restent plus que jamais des devoirs impérieux. Enfin il est, en dehors des besoins matériels, d’autres nécessités auxquelles l’état et les communes doivent pourvoir. Pour y satisfaire largement, il convient d’avoir ménagé les deniers publics. L’administration a-t-elle fait à Lyon la juste part à ces besoins d’un ordre supérieur ? A-t-elle par exemple pourvu à l’instruction des citoyens aussi généreusement qu’à l’amélioration de la cité ? C’est ce que nous voulons examiner, en constatant, à côté des efforts du pouvoir lui-même, l’appui qu’il a trouvé, sous ce rapport, dans le zèle de la population tout entière et le concours de l’initiative individuelle.


III

Le chef-lieu du département du Rhône n’est pas seulement le siège d’un important travail industriel et d’un commerce étendu, c’est aussi un centre fécond d’activité intellectuelle. Le mouvement d’esprit qui le distingue remonte à des temps éloignés : c’est par la vallée du Rhône que le génie de la Grèce et de Rome a pénétré dans les Gaules ; plus tard, le catholicisme a installé à Lyon le premier évêque transalpin. Encore aujourd’hui, on peut dire que c’est un des plus ardens foyers de l’idée religieuse. On y trouve six maisons mères de congrégations religieuses et dix-huit succursales, sans compter vingt et un établissemens hospitaliers desservis par les membres d’ordres reconnus. Dans ce dernier chiffre ne figurent point les grands hospices de Lyon, que l’autorité civile administre directement, et dont le service est fait par des hommes et des femmes revêtus d’un costume religieux, astreints à une sorte de discipline, mais qui sont et demeurent laïques. Dix-sept cures, douze succursales, les nombreuses chapelles des communautés, des hôpitaux, des refuges, des maisons d’éducation, le grand et le petit séminaire, occupent un clergé nombreux et actif. Dans cette ville, où le culte paraît austère, où les églises restent nues et sombres, la plupart des fondations charitables et religieuses sont d’origine ancienne. C’est le zèle des femmes qui pourvoit surtout aux libéralités qu’elles exigent. L’exercice de la charité date ici de loin. L’aumône générale, comme le disent les lettres patentes de 1792, a servi de modèle à tous les hôpitaux du royaume et même à l’hôpital général.