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en partie sous l’influence de l’opinion publique, les dépenses de l’instruction primaire à Paris ont été fixées, pour 1865, à près de 4 millions 1/2, avec un accroissement de 831,000 fr. sur l’année précédente. En 1859, lors de l’agrandissement de la capitale, ces dépenses n’atteignaient pas 1,650,000 francs. Lyon a donc sous ce rapport laissé pendant longtemps Paris en arrière, et même encore aujourd’hui la comparaison est favorable au chef-lieu du Rhône. Paris, il est vrai, prend largement sa revanche dès qu’il s’agit d’assistance. En secours extraordinaires comme en subventions annuelles, on est arrivé pour 1865 à une prévision de dépenses de 10 millions. Lyon au contraire a diminué notablement le chiffre des allocations aux hospices, mais cela tient à la meilleure de toutes les raisons. Les hospices y possèdent des revenus suffisans, qui en 1863 se sont élevés à 2,610,000 francs. L’administration hospitalière a pu en trois ans consacrer 2 millions 1/2 à la création de 600 nouveaux lits. C’est là une position que, sans compter Paris, plus d’une grande ville, Marseille, Bordeaux, Rouen par exemple, pourrait envier. Aussi les comptes où la statistique morale relève chaque année le nombre des enfans abandonnés, des aliénés, des femmes en couche, recueillis, délivrés et guéris, inspirent à Lyon, comme à Paris, les plus salutaires réflexions et les émotions les plus consolantes. On y sent battre à chaque ligne le cœur de la société, et on se fortifie contre le découragement ou les appréhensions de l’avenir par le grand spectacle du bien qui s’accomplit chaque jour.

De tous les détails qui précèdent, il ressort avec évidence que si la ville de Lyon peut se féliciter de la transformation matérielle dont elle a été le théâtre, les intérêts de l’intelligence, les devoirs moraux que la richesse impose à une grande cité n’ont été ni méconnus, ni négligés. Dans cette œuvre, le zèle des individus surtout ne s’est pas ralenti, et n’a pas été devancé par celui des pouvoirs publics : c’est une justice qu’il faut savoir rendre à une population qui dans toutes ses classes se distingue par le désir d’apprendre autant que par l’amour du bien-être, et qu’excite le juste orgueil de sa valeur intellectuelle et morale. De telles dispositions rendent plus choquante encore la situation particulière qui est faite, sous le rapport de l’indépendance municipale, à cette grande ville, privée de droits qu’on accorde aux moindres communes de l’empire. Nous arrivons ainsi, par une transition toute naturelle ou plutôt par une pente irrésistible, à l’examen d’une question qui éveille à Lyon de vives susceptibilités, et qui se rattache étroitement aux légitimes préoccupations éveillées par la situation financière et industrielle de la seconde ville de la France.