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dernière heure des travaux nouveaux. On lui présente une loi des travaux publics qui entraîne la création et l’attribution de ressources extraordinaires ; parmi ces ressources figure l’aliénation proposée du dixième à peu près des forêts de l’état. Voilà justement une de ces questions qui, bien plus qu’une loi sur la contrainte par corps et sur les sociétés commerciales, devrait motiver l’examen attentif et patient d’une commission. Cependant, si l’on veut qu’il soit voté avant le 14 juin, ce projet sera celui qui aura été le moins étudié parmi les lois proposées cette année. La hâte qu’on mettra à le discuter et à le voter présentera un étrange contraste avec la négligence dont auront été victimes les lois condamnées à l’ajournement, et qui, ce semble, deviennent bien plus mûres et plus urgentes, puisqu’elles avaient été présentées par le gouvernement dès le début de la session.

Quoique la session en Angleterre ait été peu brillante jusqu’à présent, les choses se sont cependant bien mieux passées dans ce pays au point de vue de l’expédition des affaires. En Angleterre, le budget des dépenses, les estimates, est présenté dès l’ouverture de la session. Chaque ministre vient successivement proposer les estimates de son département. La discussion suit immédiatement la présentation. Là point de commission du budget consumant plusieurs mois dans un travail secret, point de rapport sur le budget faisant double emploi avec les exposés ministériels. Hélas ! qui a lu un de nos volumineux rapports sur le budget ne les connaît-il pas tous d’avance, et à quoi bon ces lourdes redites se répétant chez nous d’année en année ? Le vote du budget des dépenses est donc fort avancé en Angleterre quand le ministre des finances, le chancelier de l’échiquier, vient, vers le milieu de la session, exposer l’ensemble de la situation financière, faire connaître principalement les ressources avec lesquelles on fera face aux dépenses, et surtout à quelle œuvre utile, à quel dégrèvement d’impôt seront appliqués les excédens acquis des revenus sur les dépenses. La méthode anglaise, intimement unie au surplus à l’esprit du régime parlementaire, a déjà fort avancé cette année dans le parlement ce qu’on appelle, l’expédition des affaires courantes. Quoique ce travail parlementaire, précisément à cause de son utilité pratique, n’ait rien qui séduise l’imagination et parle aux passions, la session anglaise n’aura point été tout à fait dépourvue d’intérêt politique, grâce à la curieuse et importante discussion sous laquelle a succombé, il y a quelques jours, le projet de réforme électorale de M. Baines.

Le temps n’est point aux réformes électorales en Angleterre. Cependant le parlement qui achève son existence avait été élu sous l’empire d’une préoccupation de réforme ; le cabinet actuel avait pris le pouvoir sur l’engagement de présenter et de faire passer en loi un système de réforme plus libéral que celui qu’avait proposé M. Disraeli. A la veille de reparaître devant les électeurs, un certain nombre de membres du parti libéral croyaient devoir donner cette année un gage explicite de leur fidélité à leurs anciens engagement. De là le projet simple et modeste mis en avant par M. Baines.