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quent le miracle principal, qui le précèdent, le préparent et semblent lui frayer la voie, qu’en résultera-t-il ? Vous n’aurez pas détruit le miracle principal, il n’en sera que plus miraculeux.


IV

Ne perdons pas de vue notre point de départ. Nous cherchions un moyen pratique et populaire de résoudre les grands problèmes de notre destinée, et nous avons acquis la preuve que, pour suffire à cette tâche, la science humaine fait d’inutiles efforts ; nous avons vu qu’il n’existe pour l’homme qu’un moyen de toucher le but, que les solutions véritables, c’est de la foi qu’il les doit attendre, de ce don merveilleux qui sous l’autorité d’un témoignage surhumain lui fait croire avec certitude aux choses que ni les yeux du corps ni les yeux de l’esprit ne peuvent directement atteindre. Le témoignage qui sert de base aux convictions chrétiennes a-t-il l’autorité voulue ? En d’autres termes, est-il vraiment divin ? Nous croyons l’avoir établi, et la moindre lecture d’une seule page des Évangiles le démontre encore mieux que nous. Aussi voyez l’admirable harmonie du système chrétien, et quelles réponses aussi claires que sublimes il oppose à tous ces problèmes restés si longtemps insolubles ! C’est par cette aptitude à percer les mystères, à lire dans l’invisible, à démêler l’inextricable, non moins que par sa miraculeuse victoire, que le christianisme démontre et le vrai caractère de sa propre origine et la sincérité de son divin fondateur.

Il nous souvient à ce sujet d’une page touchante qu’on nous permettra de citer ; elle est d’un homme qui naguère, ici même, recevait un éloquent tribut de regrets et d’éloges, et dont tous les amis de la saine philosophie portent encore le deuil après plus de vingt ans. Dans une leçon restée célèbre, à propos de ces mêmes problèmes de la destinée humaine, M. Jouffroy parlait ainsi : « Il y a, disait-il, un petit livre qu’on fait apprendre aux enfans et sur lequel on les interroge à l’église ; lisez ce petit livre, qui est le catéchisme, vous y trouverez une solution de toutes les questions que j’ai posées, de toutes sans exception. Demandez au chrétien d’où vient l’espèce humaine, il le sait ; où elle va, il le sait ; comment elle va, il le sait. Demandez à ce pauvre enfant, qui de sa vie n’y a songé, pourquoi il est ici-bas, ce qu’il deviendra après sa mort, il vous fera une réponse sublime qu’il ne comprendra pas, mais qui n’en est pas moins admirable. Demandez-lui comment le monde a été créé, et à quelle fin ; pourquoi Dieu y a mis des animaux, des plantes ; comment la terre a été peuplée ; si c’est par une seule famille ou par plusieurs ; pourquoi les hommes parlent plusieurs langues, pourquoi ils souffrent, pourquoi ils se battent, et comment