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30 millions. En comparant ces derniers chiffres à ceux du revenu, on voit que les intérêts du capital s’élèvent à 35 pour 100 dans le Massachusetts, et à 17 pour 100 seulement dans le Maryland.

L’émancipation, en permettant aux anciens esclaves de se procurer des marchandises diverses, fait de ces hommes des membres beaucoup plus utiles à la communauté qu’ils ne l’étaient avant leur changement de fortune. On en a eu la meilleure preuve lors de l’émancipation qui a eu lieu, il y a deux ans, dans les sea-islands de la Caroline du sud. Dans ces colonies, chaque femme s’est déjà procuré sur ses économies une robe de soie et des pendans d’oreilles, ce qui est d’autant plus remarquable que plusieurs n’avaient jamais auparavant possédé un seul écu. Sur quelques-unes des plus petites lies, une colonie de quelques centaines de nègres émancipés a, dit-on, acheté et payé dans l’année des articles d’usage domestique pour une somme de 110,000 francs.

Il est donc incontestable que les États-Unis ont en jouissance et en expectative une richesse suffisante pour subvenir aux exigences de leur budget. Il reste à se demander quels sont les voies et moyens qui assurent le revenu national.

Les impôts, tels qu’ils sont constitués par le système actuel, donneront à l’intérieur une somme s’élevant pour l’année courante à 1 milliard 404 millions de francs. En ajoutant les recettes fournies par les douanes et les ventes de terrains, on arrive a une recette totale de 1 milliard 755 millions. Au 31 mai dernier, l’intérêt de la dette était de 673,049,919 francs, laissant au trésor une somme de 1 milliard 82 millions disponible pour les besoins ordinaires. Grâce au retour de la paix, les dépenses pour les services civils, militaires et maritimes ne dépasseront pas ce chiffre, et de son côté la dette publique s’arrêtera probablement à la limite que nous lui avons assignée. En 1866, la rente à servir aux créanciers de l’état n’excédera pas 750 millions en chiffres ronds, pourvu que les 2 milliards de monnaie légale compris dans, la dette restent sous leur forme actuelle de billets remboursables par le trésor sans intérêts. Pour le service de 1867 et des années subséquentes, nous avons établi qu’une somme d’au plus 891 millions sera l’intérêt total a payer par le pays, et que cet intérêt sera suffisamment garanti par l’accroissement assuré du produit des impôts, des douanes et de la vente des terrains. Dans la période du plus grand épuisement, après une guerre de quatre années qui a tari en partie les sources de revenu, le gouvernement dispose encore d’amples moyens pour payer sur les recettes ordinaires les intérêts de la dette publique. Personne donc ne peut mettre en doute qu’à l’avenir le trésor ne soit dans la meilleure situation non-seulement pour payer la rente de ses emprunts, mais aussi pour rembourser le principal de sa dette.