Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 58.djvu/657

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pliqués chez les animaux élevés, sont constitués par une série de phénomènes plus simples qui s’engendrent les uns les autres en s’associant ou se continuant vers un but final commun. Or l’objet essentiel pour le physiologiste est de déterminer par l’analyse expérimentale les conditions élémentaires des phénomènes physiologiques complexes et d’en saisir la subordination naturelle, afin d’en comprendre et d’en suivre les diverses combinaisons dans les mécanismes si variés que nous offrent les êtres vivans. L’emblème antique représenté par un serpent qui forme un cercle en se mordant la queue donne une image assez juste de la vie. En effet l’organisme vital forme un circuit fermé, mais ce cercle a une tête et une queue, en ce sens que tous les phénomènes vitaux n’ont pas la même importance, quoiqu’ils soient connexes et se fassent suite dans l’accomplissement du circulus vital. Ainsi les organes musculaires et nerveux, entretiennent l’activité des organes qui préparent le sang ou le milieu intérieur ; mais le sang à son tour nourrit les organes qui le produisent. Il y a là une solidarité organique et sociale qui entretient dans l’économie animale un mouvement sans cesse dépensé et sans cesse renaissant, jusqu’à l’heure où le dérangement ou la cessation d’action d’un élément organique nécessaire amène un trouble dans le jeu de la machine vivante ou même en provoque l’arrêt définitif. Le problème du médecin expérimentateur consiste donc à trouver le déterminisme simple d’un dérangement organique compliqué, c’est-à-dire à découvrir la condition du phénomène pathologique initial qui amène tous les autres à sa suite par un déterminisme complexe, qui n’est lui-même que l’enchaînement d’un plus ou moins grand nombre de déterminismes simples.

Le déterminisme du phénomène initial une fois saisi sera le fil d’Ariane qui dirigera l’expérimentateur, et lui permettra toujours de se retrouver dans le labyrinthe en apparence si obscur des phénomènes physiologiques et pathologiques. Il comprendra dès lors comment une succession de déterminismes subordonnés les uns aux autres engendre un ensemble logique de phénomènes se reproduisant toujours avec le même type comme des individualités appartenant à une espèce définie. À l’état physiologique, ces types de phénomènes constituent les fonctions ; à l’état pathologique, ils forment les maladies. La production d’une maladie pour Van Helmont était due à l’évolution d’une idée morbide (idea febrilis), et pour les médecins d’aujourd’hui, c’est encore l’expression d’une entité morbide. Les empoisonnemens comme les maladies, se ramènent à un déterminisme complexe, ayant pour déterminisme initial l’action physico-chimique du poison sur un élément organisé, bien qu’il puisse ensuite, dans les déterminismes secondaires, in-