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de succès à cette honnête et courageuse entreprise de la diplomatie ; nous lui souhaitons de ne point s’arrêter trop longtemps en route, à Londres par exemple où à Constantinople. Quant à nous, moins glorieux dans nos visées, plus modestes dans notre ambition, nous nous bornons à demander que si dans l’avenir le choléra arrivant d’Orient avait encore une fois le caprice de se présenter à Marseille, il trouvât dans cette bonne ville une honnête, vigilante, énergique intendance sanitaire bien résolue à refuser la libre pratique à cet hôte épouvantable.

Il est une question que nous sommes destinés à voir renaître à peu près chaque année à la saison où nous sommes, et qui vient en effet de reparaître : c’est la question des banques. En France, en Angleterre, sur le continent, à l’automne, les transactions commerciales qui s’opèrent à propos des récoltes déterminent tous les ans des besoins particuliers d’espèces ou de moyens de circulation monétaire. C’est aux banques qu’on va demander l’argent ou les billets dont on a besoin : aussi en temps ordinaire, à ce moment-là, voit-on diminuer les encaisses métalliques et le taux de l’escompte s’élever dans la proportion des besoins extraordinaires d’argent qui se révèlent. Tel est le mouvement naturel des choses, et l’on a observé par exemple qu’en France chaque année la Banque, de septembre à novembre, voit sortir de ses caisses une centaine de millions qui lui reviennent dans le courant de l’hiver par les mille canaux entre-croisés de la circulation. Si ce phénomène périodique vient à coïncider avec quelque accident économique particulier qui entraîne des mouvemens de crédit et de numéraire, avec une mauvaise récolte, un engorgement de spéculation, des imprudences de l’esprit d’entreprise, la situation du marché monétaire se tend, et l’on assiste à ces crises passagères dont nous avons vu de fréquens exemples. Il y a donc chaque année, au moment de la sortie des espèces et de l’enchérissement du crédit, à considérer si l’on n’a affaire qu’au mouvement naturel des choses, ou si la situation normale se complique de quelque difficulté accidentelle. Cette année, rien n’indique jusqu’à présent qu’il y ait à redouter des difficultés semblables à celles de l’année dernière. La Banque d’Angleterre a eu à donner au public plus d’or et de billets qu’elle ne le fait habituellement en septembre et octobre. Quant à la Banque de France, elle reste dans les conditions habituelles de ses mouvemens d’automne. En Angleterre, la Banque a été obligée d’élever le taux de l’escompte par des motifs qui sont les effets directs d’une situation commerciale active et prospère : toutes les branches de l’industrie travaillent avec profit ; les prix des marchandises sont en voie de hausse ; les salaires sont plus élevés qu’on ne les a jamais vus. Cet état de choses crée un besoin plus grand de moyens de circulation en or ou en billets, et la Banque, se voyant demander plus d’or et de billets, a dû, pour rester dans la vérité commerciale, élever ses prix. En France, la Banque, beaucoup plus riche cette fois que sa voisine de l’autre côté de la Manche en ressources métalli-