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la campagne romaine. Pour mettre les saintes reliques à l’abri de ces ravages, on se résigna à les enlever à leurs tombeaux et à les apporter à Rome, où elles furent distribuées entre les différentes églises. Dès lors on n’eut plus de raisons de visiter les catacombes ; on en perdit presque la trace et le souvenir. Personne ne s’occupa plus d’elles jusqu’à la fin du XVIe siècle ; c’est seulement alors, en pleine renaissance, au moment où l’antiquité païenne reparaissait au jour et attirait tous les esprits, qu’un hasard fit découvrir ces vénérables monumens des premiers temps du christianisme.


IV

Cette étude générale des catacombes, dans laquelle tant d’idées nouvelles sont exposées, n’est pourtant que le prélude de ce que M. de Rossi regarde comme son œuvre particulière et originale. Cette œuvre, il l’aborde seulement dans la seconde moitié de son livre. J’ai dit plus haut ce qu’il veut faire : il se propose d’étudier à part chacun des cimetières chrétiens. Voici la méthode qu’il suit pour être sûr de les retrouver. Il a recueilli avec plus de soin qu’on ne l’avait fait encore toutes les notices écrites à la fin de l’empire sur les saints tombeaux et les itinéraires des pèlerins qui les ont alors visités. Il les prend pour guides, il fait le voyage avec eux. Quand ils sont d’accord pour nous apprendre qu’en un certain endroit d’une voie publique ils ont vu un cimetière dont ils nous disent le nom, M. de Rossi essaie de le retrouver à l’endroit qu’ils désignent. Lorsqu’il croit y être arrivé et qu’il n’a plus de doutes pour lui-même, il veut convaincre les autres par des preuves matérielles. Ce sont les actes des martyrs et les anciennes histoires de l’église qui les lui fournissent. Il les étudie pour savoir quels sont les personnages importans qui étaient enterrés dans le cimetière dont il s’occupe, et il cherche à découvrir leurs tombeaux. Cette découverte, s’il parvient à la faire, est à la fois le fruit de sa méthode et un moyen infaillible de la vérifier.

Elle ne peut plus être discutée aujourd’hui, et des succès éclatans en ont certifié l’exactitude. Du temps où l’on fouillait les catacombes au hasard, on avait très rarement la bonne fortune de trouver des tombeaux portant des noms connus dans l’histoire. M. de Rossi fait le calcul qu’on n’en a guère découvert jusqu’ici qu’un ou deux par siècle. On en trouve maintenant à peu près un par année, et il est permis d’espérer que ce nombre sera dépassé dans l’avenir. A mesure que M. de Rossi avance dans ses travaux, de nouvelles observations qu’il fait rendent sa marche plus facile et plus sûre. Ainsi il s’est vite aperçu qu’on pouvait reconnaître à