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nant les terres, les maisons, les ateliers, les chemins de fer, les canaux, en un mot tout ce qui est assujetti à une taxe foncière. Il fournit à l’appui une échelle de proportion jusqu’à 500,000 âmes de population et 5 millions de revenu, lesquels permettraient de disposer de six sièges. Au-dessous du premier de ces termes (10,000 âmes et 50,000 livres de revenu), le droit s’éteindrait au-dessus du second (500,000 âmes et 5 millions de livres), ce droit ne pourrait dépasser sept sièges, qui seraient la limite des grandes agglomérations. Sur cette base, M. Chadwick a fait le calcul des modifications que son procédé entraînerait, et il arrive à 205 retranchemens sur la composition de la chambre actuelle, dont 175 pour l’Angleterre et le pays de Galles, 3 pour l’Ecosse et 25 pour l’Irlande. Ces vides seraient comblés par un renfort équivalent de 205 membres, renfort qui serait obtenu si l’on ajoutait 133 nouveaux sièges aux anciens sièges des comtés, 60 aux bourgs ayant déjà qualité pour élire, et si l’on créait 12 sièges en faveur de bourgs qui n’ont pas aujourd’hui de représentation.

Dans ces conditions, la réforme indiquée comprendrait 410 changemens, c’est-à-dire plus du double des changemens réalisés en 1832. Il est douteux que le parlement se prête désormais à de telles coupes réglées. Il est moins probable encore qu’il consente à asseoir la représentation sur des bases numériques qui seraient invariables, et ne tiendraient compte que de la population et du revenu en faisant abstraction de la qualité des hommes. La simplification d’ailleurs ne serait qu’apparente ; on ne coupe pas facilement en cases de damier un pays qui a des divisions déjà faites, et qu’on s’accorde à respecter. Certains privilèges résisteraient, ceux d’Oxford et de Cambridge entre autres, qui, avec quelques milliers de docteurs et maîtres ès arts réunis en comité électoral, envoient quatre membres au parlement. Le moyen imaginé par M. Chadwick est donc condamné d’avance ; il pèche par excès d’équilibre. Celui de M. Bright a une tout autre autorité, et pourtant il n’a réuni dans la chambre des communes qu’un nombre très limité de voix. M. Bright n’a pas procédé mathématiquement ; il a étudié un à un les comtés, les bourgs et les villes, et les a un peu arbitrairement réduits ou relevés dans leurs attributions respectives. Tandis que M. Chadwick s’attache à donner plus de poids aux comtés dans la balance des forces, c’est vers les grandes villes et les centres populeux que M. Bright incline plus volontiers. Pour n’en citer que deux exemples, il porte à 38, membres le contingent des villes et bourgs du Lancastre, au lieu de 22 membres, qui sont le chiffre actuel, et réclame 28 membres, en place de 12 pour les paroisses du Middlesex qui font partie de l’agglomération de Londres. La combinaison n’est plus numérique, elle est ouvertement politique, et M. Bright ne s’en cache pas ; il entend fortifier son parti et affaiblir ses adversaires. C’est au nom des radicaux qu’il parle, ce sont les élémens favorables aux radicaux qu’il enrégimente et cherche à mettre en ligne pour un combat d’influences. Quand la réforme sera vraiment mûre, les conservateurs et les whigs feront le même calcul et déploieront le