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trois pour les jeunes gens et deux pour les jeunes filles qui se destinent à l’enseignement. De 1843 à 1863, 4,447 professeurs des deux sexes sont sortis de ces pépinières. Qu’on ajoute à cela les secours fournis aux institutions normales des diocèses, la surveillance des écoles, par des inspecteurs indépendans de l’état, un dépôt de livres fixant le type orthodoxe de l’instruction primaire dans toute la Grande-Bretagne, et l’on comprendra l’influence de la National Society, appelée avec raison, par un membre même du clergé, « la servante (handmaid) de l’église anglicane. » Il y a des servantes maîtresses.

La British and foreign school Society (société des écoles britanniques et étrangères) poursuit le même but que la National Society, et ce but est l’instruction, de l’enfance ; mais, fondée en 1808 par des dissidens, elle embrasse dans son cercle d’activité toutes les sectes, ou, comme on dit en Angleterre, toutes les dénominations religieuses. Bien différente en cela de sa rivale, elle n’impose aucune obligation à la foi des élèves qu’elle reçoit dans ses écoles. L’enseignement est pour elle un terrain neutre, sur lequel il faut respecter avec soin les distinctions de croyances. Tout en inculquant à la jeunesse certains principes généraux de morale, elle s’abstient donc de toucher aux questions épineuses du dogme. Si elle fait lire la Bible dans ses écoles, c’est que la Bible est une base d’instruction admise par le consentement universel des congrégations chrétiennes. Le siège de cette société est à Londres, dans Borough-Road, où elle a élevé un édifice en pierre d’assez bon style. Une assemblée générale, qui a lieu tous les ans au mois de mai, et qui se compose de tous les membres de la société, c’est-à-dire, de tous les souscripteurs à une guinée, élit un président, des vice-présidens, un trésorier et des secrétaires. Elle choisit en outre un comité de quarante-huit personnes chargé de conduire les affaires de l’institution. Ce comité général nomme à son tour un comité de vingt-quatre femmes pour surveiller l’éducation des jeunes filles. Les revenus, fruit des souscriptions, des legs ou des dons volontaires, s’élèvent à 13,868 liv. sterl. (346,700 francs) par an. Ainsi que la Société nationale, la British and foreign school Society fonde, inspecte, dirige des écoles normales et un grand nombre d’écoles primaires. Le seul caractère qui la sépare du système suivi par l’établissement contraire est l’absence de toute restriction en matière de foi ; elle ne met point de condition à ses services, et fait luire l’instruction primaire sur tous les enfans de la classe pauvre. Elle assure ainsi aux familles dissidentes la liberté de conscience, sans renoncer toutefois à seconder une certaine propagande chrétienne.

L’éducation du peuple a été jusqu’en 1832 entièrement soutenue en Angleterre par ces deux sociétés, par de nobles dévouemens