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Demanderons, et en le faisans nous montrerons encore une réserve très grande, que le moteur lui-même ne pèse que 12 kilogrammes par force de cheval. Il ne s’agit pas ici, bien entendu, de chiffres précis ; ceux que nous indiquons ne doivent être regardés que comme des approximations grossières destinées à fixer les idées et à donner un corps à nos appréciations. Aussi bien il faut nous expliquer sur le raisonnement que nous venons de faire en comparant l’action de la pesanteur et celle de la force motrice. Ce raisonnement est commode et sommaire ; il a été fréquemment employé dans la controverse relative à la question même qui nous occupe, et on peut dire qu’il a déjà de jolis états de service ; mais il n’est point rigoureusement exact : dans sa forme concise, il néglige des conditions essentielles et notamment il ne tient compte que fort implicitement de la résistance de l’air, qui est une des données principales de la question. Nous l’avons reproduit cependant parce qu’il présente à l’esprit une image très nette et qu’il est suffisamment vrai dans les limites où nous voulons borner notre appréciation. Hâtons-nous d’ajouter d’ailleurs que l’on arrive à des résultats analogues si on soumet le problème au calcul. M. Landur, à la demande de M. de Ponton d’Amécourt, a traité la question dans plusieurs mémoires par les procédés de l’analyse mathématique. Il a donné à ce sujet des formules simples et élégantes ; on en peut facilement conclure que le maximum du poids du moteur par force de cheval doit être compris entre 10 et 15 kilogrammes[1]. Nous ne sommes donc pas loin de la vérité en adoptant le chiffre douze, comme nous venons de le faire.

Il faut naturellement comprendre dans le poids du moteur celui des matières qu’il doit, emporter pour sa consommation. Suivant la nature de la machine motrice, le poids de ces matières pourra varier considérablement. S’il s’agit par exemple, d’une machine à

  1. Les formules données par M. Landur sont naturellement différentes suivant la nature des surfaces qui agissent sur l’air et leur mode d’action. On peut cependant les ramener à un type général dans lequel le poids du moteur par force de cheval est égal, en kilogrammes, à 30 divisé par un certain module. Ce module dépend de la nature de l’appareil ; il est déterminé par le rapport du poids de cet appareil (en kilogrammes) à la surface agissante en mètres carrés), et il est précisément égal à la racine carrée de ce rapport. Dire exactement quelle valeur ce module doit prendre dans la pratique n’est point chose aisée ; mais il est clair qu’on ne sera point maître de le diminuer au-dessous d’une certaine limite. Si par exemple on en cherche la valeur chez les oiseaux, on trouve qu’on peut l’estimer environ à 6,5 chez la perdrix, à 3,5 chez l’hirondelle, à 2,25 chez le martinet. Dans les conditions qui sont imposées par la pratique, il ne paraît pas probable qu’on puisse faire descendre ce module au-dessous de 2 ou même de 3. Suivant qu’on adoptera l’un ou l’autre de ces deux nombres, le poids du moteur par force de cheval se trouvera limité à 15 ou à 10 kilogrammes.