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vapeur, elle devra emporter, pour chaque heure de navigation aérienne, au moins, un kilogramme et demi de charbon par force de cheval ; c’est ce que brûlent actuellement les appareils les plus perfectionnés. Pour un voyage de quatre heures, voilà donc six kilogrammes sur douze à attribuer au seul poids du charbon ! Il faudrait encore tenir compte de l’eau ; mais nous ne voulons pas pousser les choses à l’extrême ; on pourrait nous dire, que, si l’on obtenait un appareil capable de voyager en l’air, pendant, un seul quart d’heure, ce serait déjà là un beau commencement, et nous sommes de cet avis. Si l’on se contente de ce modeste objectif, le poids du combustible qui doit chauffer la machine est réduit à une faible part.du poids total, et nous pouvons le négliger, au moins dans une première appréciation des phénomènes, tout en faisant nos réserves pour le cas où il faudrait serrer la question de plus près.

Peut-on espérer que l’on puisse bientôt construire Un moteur tel que ses organes ne pèsent que douze kilogrammes par force de cheval ? Si on le peut, les chemins de l’air nous sont ouverts. Nous chercherons donc une réponse à la question que nous venons de poser, et à laquelle nous paraît se réduire pour le moment le problème de la navigation aérienne. Nous la chercherons en examinant d’abord dans leur état actuel les machines usuelles, et en essayant d’apprécier, les améliorations, que l’on peut attendre d’un avenir prochain. Si le résultat de cette recherche est favorable, nous sommes tout disposé, nous aussi, à nous écrier :

Cœlum certè patet, ibimus illàc !

Mais, avant d’entreprendre l’examen des moteurs mécaniques, nous dirons quelques mots des moteurs vivans. Dans quelles conditions les divers animaux, l’homme, les oiseaux, se trouvent-ils placés au point de vue de la locomotion aérienne ? En traitant rapidement ce sujet, nous trouverons, chemin faisant, la confirmation des vues qui viennent d’être exposées, et nous pourrons recueillir quelques enseignemens utiles pour la solution générale du problème.


II

L’homme peut-il voler au moyen d’un appareil convenablement disposé, et dont il serait le moteur unique ? C’est une question à laquelle il n’est point difficile de répondre. Le poids moyen d’un homme est d’environ 72 kilogrammes ; on a vu déjà qu’il faut, pour