Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

piston en forme de valve, placé dans la cavité de la boîte, de manière à en occuper et à en fermer hermétiquement un rayon ; le piston et l’axe peuvent tourner solidairement sans entraîner la boîte. Dans ces conditions, la vapeur introduite dans la cavité presserait les deux faces du piston et le laisserait immobile, si un mécanisme spécial ne venait lui donner une cloison d’appui : à cet effet, une plaque de tôle, une sorte de vanne, glissant dans des rainures, s’abaisse à travers le couvercle du cylindre et vient former, suivant un des rayons, une cloison fixe. Une chambre de pression s’établit donc entre la vanne et le piston, et celui-ci commence une marche circulaire qui se continue indéfiniment, si la vanne se soulève chaque fois qu’il doit passer, et si elle s’abaisse de nouveau derrière lui. M. d’Amécourt emploie d’ailleurs, afin de vaincre les points morts, deux vannes symétriquement placées suivant un même diamètre. La vapeur est introduite très simplement par l’arbre même, qui est creux, et par une des faces du piston ; le piston, par son autre face, absorbe la vapeur détendue. Rien de plus séduisant que ce mécanisme. Un robinet permet d’intervertir les fonctions des deux faces du piston et de renverser ainsi le sens du mouvement. On peut aussi à volonté changer les rôles de l’arbre et du cylindre. Laisse-t-on le cylindre fixe, c’est l’arbre qui transmet le mouvement ; fixe-t-on l’arbre au contraire, la boîte tourne et fait poulie. On peut même les laisser tourner tous les deux en sens contraires, et cette disposition s’adapte merveilleusement au cas où il faut faire mouvoir dans, des sens inverses deux jeux équivalens d’hélices.

Cette petite machine rotative se présentait donc sous les dehors les plus favorables. Elle était si simple qu’on pouvait en attendre beaucoup de force sous un poids léger ; mais, hélas ! elle semble avoir échoué devant les difficultés spéciales qui ont jusqu’ici empêché les machines à rotation directe d’entrer dans la pratique, des arts. Aussi, dans les derniers jours de 1864, retrouvons-nous M. d’Amécourt occupé à faire construire une nouvelle aéronef où le piston du moteur ne doit plus avoir un mouvement circulaire. Il s’agit cette fois d’un appareil qui rentre dans la catégorie de ceux que nous avons désignés plus haut sous le nom d’orthoptères. Deux plans horizontaux conjugués doivent s’élever alternativement ; chacun d’eux s’appuie tour à tour sur l’air et supporte ainsi l’effort nécessaire pour mouvoir l’autre. Les deux surfaces sont formées de palettes qui restent pendantes dans le mouvement d’ascension et qui se ferment quand il faut prendre appui sur l’atmosphère. Un cylindre ordinaire, un piston à marche rectiligne, conviennent naturellement au moteur d’un pareil système : le cylindre est vertical ; l’un des plans horizontaux est fixé à la tige du piston, l’autre à la