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Paris, d’autres engagemens contractés entre la Suède et la France. Je sais même que le ministre d’Angleterre et le chargé d’affaires de Russie ont mandé à leurs cours que le bruit d’une nouvelle alliance entre nous était faux, et n’avait d’autre fondement que les transactions relativement à un établissement de la Suède en Amérique, Ainsi j’espère avoir rempli les intentions de votre majesté, et que, le pacte que nous avons signé restera dans le secret le plus profond… Je puis assurer votre majesté qu’elle peut compter que la Suède ce printemps peut sortir avec une flotte de vingt-deux vaisseaux de ligne presque tout neuf et quinze frégates, et cela dans l’espace de six semaines. L’artillerie n’a pas été négligé, et votre majesté sait déjà, par l’inquiétude, que cela a donnée à mes voisins, qu’elle a été distribuée dans tous les endroits où elle doit être tant pour la défense que pour le prompt transport en cas de nécessité. Nous avons aussi une garniture toute nouvelle de fusils et d’armes pour l’infanterie et la cavalerie… »


La suite de cette lettre laissait paraître des velléités belliqueuses, que le cabinet de Versailles : n’était pas disposé le moins du monde à encourager. Aussi trouvons-nous encore une lettre de Louis XVI, en date du 26 septembre 1784,qui est évidemment une réponse au précédent message :


« J’ai lu avec intérêt le détail dans lequel votre majesté a bien voulu entrer touchant les progrès des réparations de toute espèce qu’elle avait ordonnées, et je la félicite de l’état solide et brillant où elle a déjà mis ses forces de terre et de mer ; il ne peut manquer de lui assurer la considération, de ses, voisins et la tranquillité de ses peuples. Connaissant la prudence et la sagesse de votre majesté, je suis bien assuré que, contente de pourvoir à la sûreté de ses états, elle évitera toute démonstration qui pourrait être un sujet ou même un prétexte d’inquiétude pour qui que ce soit »


Ces dernières lignes contenaient des avis dont Gustave III, nous le verrous bientôt, ne comprit pas toute la gravité. Elles voulaient dire que, pour chacune des deux cours les temps étaient venus d’une politique soucieuse de nouveaux problèmes. La France venait de prodiguer encore une fois au roi de Suède les preuves de son ancienne bienveillance ; mais elle lui donnait à entendre qu’elle devait songer, après le dernier succès de la paix glorieusement conclue avec l’Amérique, à d’autres soins que ceux des guerres étrangères, et elle lui conseillait à lui-même d’abandonner les vastes pensées pour conjurer les difficultés intérieures et menaçantes qui se montraient déjà dans les deux royaumes.


A. GEFFROY.