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les faisait courir les uns contre les autres, on a établi des courses de vitesse (1,800 mètres) dans lesquelles les uns et les autres peuvent déployer leurs qualités respectives. Une espèce particulière de course est le handicap, qui a pour objet d’égaliser les chances entre tous les chevaux, c’est-à-dire de répartir les poids en raison de leur âge et de leurs succès antérieurs, de telle façon que, s’ils étaient également bien montés, ils arriveraient au but tous ensemble. L’utilité de cette course est peu sensible, puisqu’on ne peut rien en conclure en faveur du gagnant, sinon que le juge s’est trompé en le chargeant d’un poids trop léger. Elle donne lieu parfois à des fraudes qu’il est difficile d’empêcher, et qui consistent à faire battre un cheval dans d’autres courses pour lui donner ainsi une réputation de médiocrité, grâce à laquelle il obtient dans le handicap une diminution de poids qui lui permet de triompher plus facilement de ses concurrens.

Nous en dirons autant des steeple-chase, c’est-à-dire des courses d’obstacles, qui nous viennent également d’Angleterre, où elles furent instituées pour encourager la production des chevaux de cavalerie et des hunters (chevaux de chasse). Dans l’origine, la distance à parcourir était une ligne droite de 4 milles (6,436 mètres) entre deux points fixes sur l’un desquels les cavaliers se dirigeaient à leur guise à travers tous les obstacles.

Avez-vous jamais vu les courses d’Angleterre ?
On prend quatre coureurs, quatre chevaux sellés ;
On leur montre un clocher, puis on leur dit : Allez !
Il s’agit d’arriver, n’importe la manière.
L’un choisit un favori, l’autre un chemin battu.
Celui-ci gagnera, s’il ne rencontre un fleuve ;
Celui-là fera mieux, s’il n’a le cou rompu.

Ce n’est que plus tard, pour permettre aux spectateurs de jouir du coup d’œil, qu’on prit le parti d’établir des hippodromes semée d’obstacles artificiels et souvent formidables. Ces courses sont de simples spectacles et ne peuvent avoir aucune action sur l’amélioration de la race, parce qu’elles exigent des chevaux spécialement dressés à sauter, et que cette éducation est personnelle à celui qui la reçoit et ne se transmet pas. Aussi voit-on toujours les mêmes chevaux reparaître jusqu’à ce qu’un accident mette fin à leur carrière. Ils ne sont jamais employés comme reproducteurs. Comme ces courses ont surtout pour objet de mettre en lumière le courage et l’habileté des cavaliers, elles sont souvent courues par des gentlemen riders qui ne se montrent guère dans les courses plates.