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LA
SCULPTURE FLORENTINE
AVANT MICHEL-ANGE

Tuscan Sculptors, by Charles C. Perkins. Londres. 1864.

Il y a peu d’années encore, l’histoire de la sculpture en Italie à partir du moyen âge se résumait, pour la plupart d’entre nous, dans les souvenirs de la vie d’un homme et dans les quinze ou vingt chefs-d’œuvre que cette vie nous a légués. Le grand nom de Michel-Ange nous apparaissait comme celui d’un messie de l’art et d’un messie sans précurseurs. De même que, vers la fin du dernier siècle, le statuaire Falconet ne reconnaissait aux peintres et aux sculpteurs, « dans le temps du berceau de l’art italien, qu’un droit égal au talent de mal composer, » un écrivain de nos jours qui se croyait pourtant bien affranchi de la routine, Henri Beyle, ne faisait qu’obéir au préjugé commun lorsqu’il prenait si fort en pitié « cet air de maigreur et de malheur qui nous poursuit dans les premiers. siècles de l’école florentine. » Il est vrai que, quelques pages plus loin, ce même Beyle, dupe cette fois des enthousiasmes de son temps comme il en partageait les préventions tout à l’heure, transforme sans marchander Canova en un émule de Michel-Ange. « Qui se présentera pour décider entre le Pâris de Canova et le Moïse de Michel-Ange ? » s’écrie-t-il à propos de ces a ouvrages divins ! » Bien malavisé, dirions-nous à notre tour, celui qui hésiterait en pareil cas. Autant vaudrait, dans un autre ordre d’art, attribuer les mêmes beautés, la même puissance, à une symphonie de