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LE
CHRIST PAÏEN
DU TROISIEME SIECLE

APOLLONIUS DE TYANE ET LA COUR DES SEVERES

I. Apollonius von Tyana und Christus, oder das Verlœltniss des Pythagoreismus zum Christenthum (Apollonius de Tyane et le Christ, ou le Rapport du pythagorisme au christianisme), par F.-C. Baur, Tubingue. — II. Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, par Philostrate, traduit du grec par A. Chassang, Paris 1864.

On a longtemps considéré la victoire du christianisme sous Constantin comme l’une de ces révolutions inexplicables, une de ces surprises historiques, sans connexion démontrable avec le passé, qui semblent des miracles divins. Comment de la négation hautaine et radicale opposée d’abord aux premières affirmations chrétiennes, l’esprit humain était-il passé à l’intérêt, puis à la sympathie avouée pour la nouvelle croyance ? On ne croyait pas possible de résoudre ce problème. Le fait est cependant que là comme ailleurs la transition ne s’est pas faite brusquement, et que la critique moderne a découvert une série de moyens termes dont l’histoire religieuse devra désormais tenir compte.

C’est au IVe siècle, au lendemain des persécutions les plus violentes, et bien que professé seulement par la minorité, que le christianisme arrive à dominer la situation politique et sociale. Pendant le IIIe siècle toutefois, les mouvemens intérieurs du paganisme permettent à l’observateur attentif de prévoir cette victoire inespérée.