À mesure que l’on pénètre plus profondément dans l’étude de Goethe, on devient de plus en plus sensible à certaines impressions philosophiques qui, d’abord flottantes et vagues, se précisent à la fin et se déterminent. Nous nous garderons bien d’essayer de réduire ces impressions sous la loi d’une déduction rigoureuse. On chercherait inutilement dans les vues de Goethe quelque chose qui ressemblât à un système organisé, et lui-même nous détourne d’une tentative aussi vaine en se montrant à toute occasion ironique ou révolté contre la prétention dogmatique ; mais peut-on nier qu’il y ait chez lui un ensemble d’idées générales et de tendances d’esprit, un tempérament intellectuel qui, développé par la plus haute culture esthétique et scientifique, constitue, sinon une doctrine positive, du moins une nature philosophique des plus originales et des plus rares ?
Si chaque philosophie, comme Goethe le prétend, est une forme différente de la vie, une façon particulière de la comprendre et de