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mètres, la tête de colonne arrive à l’entrée du faubourg. Un petit phare en pierre, en forme de pyramide, s’y élève, l’extrémité d’une jetée de quelques mètres, protégeant une flottille de bateaux de pêche. La rue qui se déroule devant nous paraît déserte : à quelques obus lancés sur le faubourg par nos pièces de campagne répondent à peine trois ou quatre coups de fusil tirés des maisons les plus éloignées. Les commandans en chef jugent inutile de pousser plus loin pour cette journée les opérations, et nos fusiliers reviennent avec les Hollandais vers les batteries, où les troupes alliées occupent à cette heure près d’un kilomètre et demi de terrain. De trois à quatre heures, nos fusiliers-marins et les compagnies hollandaises s’embarquent, sous l’escarpe du grand ouvrage, pour regagner leurs navires respectifs ; le bataillon des marines se replie, en suivant le chemin de la plage, sur les premières batteries.

Vers cinq heures du soir, nous entendons dans la vallée des rizières une légère fusillade engagée entre les troupes anglaises encore à terre et un ennemi qui paraît établi derrière les collines. Cette fusillade s’élève peu à peu vers le fond de la vallée, puis acquiert une assez vive intensité ; des détonations d’artillerie viennent s’y joindre. Nous apercevons bientôt quelques files de blessés se diriger vers les embarcations. Le bruit de la mousqueterie persiste jusqu’au crépuscule. À ce moment seulement nous est donné le détail de cet engagement. — Avant de faire embarquer ses hommes, le capitaine de vaisseau Alexander, profitant de la présence du bataillon de marines qui venait de rallier, a voulu pousser une reconnaissance dans le fond de la vallée, d’où l’ennemi, pendant toute la journée, a manifesté sa présence en envoyant de temps à autre quelques balles ou boulets dans la direction des batteries. La reconnaissance s’est mise en marche sur deux colonnes, les marins suivant le chemin de la vallée, le corps de marines, sous les ordres du lieutenant-colonel Suther, marchant à droite par les bois. Ces colonnes ont été bientôt accueillies par un feu de mousqueterie, et lui ont répondu tout en marchant. A l’extrémité de la vallée, les troupes ont reconnu un ouvrage palissade, garni d’un corps assez nombreux d’infanterie et de quelques pièces de campagne. L’ordre a été donné d’emporter l’ouvrage. Les deux colonnes se sont avancées simultanément malgré le redoublement du feu de l’ennemi, qui, menacé d’être pris en flanc par la colonne des marines, a lâché pied lorsque les assaillans n’étaient plus qu’à une trentaine de mètres. Les Japonais ont fui dans la montagne en emportant leurs blessés. Les Anglais, pénétrant dans l’ouvrage, ont surpris encore quelques traînards. Le retranchement est un assez vaste abri destiné à