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velles écoles de New-York. Le rez-de-chaussée est occupé par une vaste salle consacrée aux jeux des enfans (play-room) et par l’habitation du portier (janitor’s rooms). Au premier étage, six petites classes de 5 mètres sur 7 donnent toutes dans une vaste salle centrale de 14 mètres sur 20 (reception room); où à certaines heures tous les élèves se réunissent pour certains exercices à faire en commun au deuxième étage, encore dix classes; enfin au troisième, une salle de réception et six classes comme au second. Toute l’école est chauffée par un calorifère à vapeur à basse pression et ventilée par des appareils perfectionnés. L’eau de la ville (Croton water) est distribuée à tous les étages. Chaque élève a un pupitre en bois verni et un siège isolé, le tout d’un aspect élégant et soigné, et il y a place pour 2,000 enfans. Les classes et les salles de réception contiennent une bibliothèque très complète, des cartes, des globes, de petites collections d’histoire naturelle, d’objets manufacturés, et même un piano. En une seule année (1861), la ville de New-York a consacré 6,500 dollars (33,800 fr.) à l’achat de ces instrumens, qui font la joie des enfans. Il est entendu aux États-Unis que toute école doit avoir sa bibliothèque, dont les livres sont prêtés aux élèves hors des heures de classe. La plupart des états ont voté à cet effet un fonds spécial réparti entre les districts, qui s’imposent des sacrifices pour le même objet. Les bibliothèques des écoles de l’état de New-York possèdent déjà un million et demi de volumes, ce qui pour 11,750 écoles fait 1,300 volumes pour chacune d’elles.

On ne peut s’imaginer les sacrifices faits en Amérique dans ces derniers temps pour améliorer les bâtimens d’école. On s’y est mis avec une ardeur, une véhémence sans pareille. A New-York par exemple, depuis dix ans toutes les anciennes écoles ont été rebâties et agrandies, et 25 nouvelles construites, pouvant contenir de 1,500 à 2,000 élèves chacune. En neuf ans, de 1853 à 1861, la dépense pour ce chapitre s’est élevée à 1,472,000 dollars, près de 8 millions de francs.

Tant vaut le maître, tant vaut l’enseignement, dit-on. Le personnel qui enseigne dans ces innombrables écoles et la façon dont il se recrute présentent encore bien des particularités faites pour étonner les Européens. Et d’abord dans la plupart des écoles ce sont des femmes qui sont chargées de l’enseignement. En 1861, on comptait dans le Massachusetts 4,000 institutrices et seulement 1,500 instituteurs, dans le New-York 7,583 instituteurs et 18,915 institutrices; dans les écoles des villes prises isolément, sauf les directeurs et les maîtres particuliers, on ne trouve que des femmes. Ainsi à Philadelphie il n’y a que 82 instituteurs pour 1,112 institutrices; à New-York, on compte dans les grandes écoles