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tionnel, — enfin la musique. Pour l’enseignement de la langue maternelle, on ne se contente pas aussi facilement que chez nous, et la raison. en est simple. L’école publique (common school) est fréquentée par les enfans de toutes les classes riches et pauvres s’y rencontrent sur les mêmes bancs et y restent très longtemps, jusqu’à quinze et seize ans. La plupart des hommes qui sont à la tête du pays n’ont pas reçu d’autre instruction. Elle doit donc donner à l’enfant les connaissances indispensables dans un pays de suffrage universel où des ouvriers comme Lincoln et Johnson deviennent les chefs de l’état et se montrent dignes de l’être. Le peuple correspond à peu près ici à la petite bourgeoisie d’Europe il faut qu’il reçoive une instruction aussi forte qu’elle et plus dirigée vers la pratique. Il ne suffit pas que l’enfant sache sa langue, il doit savoir s’en servir. Pour qu’il y parvienne, rien n’est négligé. On soigne l’élocution, on fait réciter des vers, déclamer des morceaux en prose, surtout les discours des fondateurs de l’indépendance, tout brûlans de patriotisme et d’amour de la liberté. On exige que l’élève expose ses idées sur une question donnée, puis qu’il les développe et qu’il les défende dans une discussion en règle, et, allant peut-être trop loin, on ne craint pas d’emprunter les sujets de ces joutes oratoires aux débats de la politique contemporaine. On ne se contente pas de faire de ces questions qui n’exigent qu’une brève réponse de quelques mots on demande à l’enfant de dire tout ce qu’il sait sur tel ou tel point, de raconter la biographie d’un homme éminent. Ce qu’on a en vue, c’est d’habituer l’élève à mettre de la suite dans ses idées, à se rendre compte de ce qu’il sait, à l’exposer clairement et avec ordre. On s’efforce d’exercer le raisonnement plus que la mémoire et de former des citoyens capables de se conduire dans un état libre.

Le développement des forces physiques n’est pas non plus négligé, quoiqu’il n’y ait point, de cours de gymnastique, ce qui est certes une lacune; on remplace ce cours par des exercices particuliers qui tiennent le milieu entre la gymnastique et la danse, et qu’on appelle calisthenics. A certaines heures, tous les enfans se réunissent dans la grande salle commune (reception room); la maîtresse se met au piano et joue un air de marche à cadence bien prononcée. Alors garçons et filles, se prenant par la main, forment des chaînes, des rondes et toute sorte de figures qui rappellent les évolutions du chœur antique. Ces exercices rhythmés dégourdissent les membres et donnent à tous les mouvemens du corps de la souplesse, de la grâce et de la précision. Depuis la dernière guerre, on apprend généralement aux garçons le maniement des armes et les exercices militaires. Les chants en commun, les accom-