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anglaise. On exagérait ces différences, et surtout on était loin de la vérité, si l’on croyait que les ministres anglais eussent la moindre confidence des desseins de la cour des Tuileries. La politique des coups d’état était si bas dans leur estime qu’ils n’y pouvaient même croire.

Il était vrai cependant que leur rapprochement avec le parti libéral s’était borné à la coopération nécessaire pour résoudre la question des catholiques, et quand vint la session de 1830, ils se trouvèrent au sein des chambres dans une sorte d’isolement. Une section du parti tory leur gardait rancune. Huskisson les sommait d’entrer dans la voie des progrès administratifs et économiques. Au nom des amis de Canning, lord Palmerston leur reprochait le déclin de la politique anglaise dans l’opinion libérale du monde. Enfin le succès d’une première réforme si longtemps combattue encourageait sur tous les autres points le parti réformiste, et dans la ville de Birmingham quinze mille personnes se réunirent pour jeter les bases de l’association qui devint célèbre sous le nom d’Union politique. Elle avait pour objet la réforme parlementaire et le redressement des griefs des classes ouvrières.

Le roi, quelque souvenir qu’il pût conserver de la violence faite à ses préjugés l’année d’auparavant, n’aurait pas abandonné un cabinet qui était encore le plus résistant, le plus tory qu’il pût avoir; mais il mourut à soixante-huit ans, le 26 juin 1830, un mois juste avant la révolution de juillet.

Le duc de Clarence, Guillaume IV, qui lui succédait, s’était récemment séparé du ministère. Il s’était, selon l’usage, distingué du roi régnant dans l’appréciation de certaines questions et de certaines circonstances. Après lui, la couronne devait revenir à une enfant de onze ans, la fille de la duchesse de Kent et la nièce du prince Léopold de Cobourg, qui avait eu récemment à se plaindre de l’administration. La politique ministérielle n’était donc pas en progrès, et M. Brougham, les yeux fixés sur la France, s’écriait :


« Craignez que votre position ne devienne la même que celle du prince de Polignac. Il veut à toute force renvoyer les représentans de la France à leurs commettans. Ils vont élire une nouvelle assemblée, et cette grande nation se lève, non pas en armes, on aurait pu la réprimer, mais dans toute la gloire de la raison, pour le bonheur de tous les hommes libres, et de nous, de nous Anglais en particulier. Elle est résolue à réduire à néant les mesquines intrigues du prince un tel et du duc un tel, à ne pas plus s’embarrasser d’eux que d’une poignée de jésuites; elle est debout maintenant Nous verrons dans ce pays, aussi bien que dans le nôtre, que les jours de la violence sont passés, et que celui qui viendra gouverner par la force de la royauté ou par le pouvoir militaire sera précipité du haut de sa grandeur. »