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les billets de la Banque d’Angleterre depuis la suspension des paiemens, on voulut savoir l’effet produit par cette dépréciation, on fit une enquête, et il en est résulté le fameux rapport dit bullion report, qui a fixé les véritables principes sur la matière. En 1820, l’Angleterre a voulu connaître l’influence exercée par la reprise des paiemens qui avait eu lieu l’année précédente. Ce sont de nouvelles enquêtes qui ont amené, après la crise de 1825, la suppression des billets de 1 livre sterling, et après celle de 1837 le monopole de la Banque d’Angleterre dans un certain rayon. Enfin les crises de 1847 et 1857 ont déterminé chacune encore une enquête qui a eu pour résultat d’éclairer l’opinion sur les conséquences de l’acte de 1844 relatif à la limitation de la circulation fiduciaire.

On répondra peut-être que ces enquêtes si multipliées n’ont pas empêché l’Angleterre d’avoir de nouvelles crises, et des crises de plus en plus fréquentes, puisque celle de l’année dernière n’a été séparée de celle de 1857 que par un laps de sept ans, tandis qu’il y avait une moyenne de dix années d’intervalle entre les précédentes. Cela est vrai, les Anglais n’ont pas évité les crises à la suite de leurs enquêtes, parce qu’il est difficile à un peuple qui est doué d’une telle expansion, qui a une telle activité industrielle et commerciale, de bien mesurer le degré de ses forces et de ne jamais s’engager au-delà; mais ils y ont gagné de ne plus faire fausse route, et d’être bien fixés sur les principes qui président au développement de la richesse. Ces principes, ils les exagèrent quelquefois, ils dépassent le but; mais, une fois la crise arrivée, ils ne discutent plus sur les moyens à employer pour la combattre; ils ne vont pas demander à des systèmes chimériques le moyen de sortir d’embarras ils subissent tranquillement l’élévation du taux de l’escompte jusqu’au degré où cela est nécessaire pour ramener l’équilibre entre l’offre et la demande, et personne ne s’avise de rendre la Banque d’Angleterre responsable de cette élévation du taux de l’escompte. On lui fait plutôt le reproche contraire, celui de ne pas l’avoir élevé assez vite. Voilà ce qu’ont produit les enquêtes faites au lendemain des crises en Angleterre; elles ont éclairé l’opinion publique sur les causes qui les amènent et sur les moyens à employer pour les combattre.

Nous voudrions qu’il en fût de même en France et qu’on fût fixé une fois pour toutes sur les véritables principes qui doivent nous guider, lorsque nous sommes en présence de ces calamités industrielles et commerciales qui viennent de temps en temps troubler les rapports économiques d’une nation. Nous ne les éviterons pas plus qu’on ne les évite en Angleterre lorsque nous en connaîtrons les causes; pas plus qu’on n’évite les maladies dont on connaît l’ori-