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des circonstances. À tel moment, un encaisse du quart suffira, nous l’avons vu avec la Banque de France, qui a eu quelquefois 200 millions d’espèces seulement contre 800 millions de billets. À tel autre moment, en temps de révolution, un encaisse de moitié ne suffirait pas. La révolution de février nous en a fourni la preuve. Ce qu’il y a de mieux à faire, c’est ici encore de laisser la Banque libre d’agir selon les circonstances et sous sa responsabilité ; son intérêt est d’être toujours en mesure de rembourser ses billets, et sous ce rapport il est lié à l’intérêt général : c’est la meilleure garantie.

J’aborde tout de suite les autres questions plus importantes, et notamment celle de savoir si la Banque de France, avec son organisation actuelle, satisfait bien à toutes les conditions à exiger d’une banque d’émission. Si on entre dans les détails de l’organisation intérieure de la Banque de France, il est probable qu’on trouvera des reproches à lui adresser. J’entends dire qu’elle est trop formaliste, qu’elle n’a pas dans ses procédés vis-à-vis du public cette rondeur de formes, cet empressement que l’on est habitué à rencontrer aujourd’hui partout ; cela est possible. Il y a aussi un autre grief qu’on a contre la Banque de France, et qui, sans être bien fondé en réalité, n’en excite pas moins les susceptibilités de l’opinion publique : c’est de voir, lorsqu’elle élève le taux de son escompte, qu’elle trouve une source exceptionnelle de bénéfices là où le commerce éprouve un préjudice. Je sais bien que la Banque de France n’est jamais guidée par des considérations d’intérêt personnel lorsqu’elle recourt aux mesures restrictives, — mille raisons le démontrent ; — mais il n’en est pas moins sûr qu’elle ne souffre pas au même degré que le commerce de l’élévation du taux de l’escompte. Cela suffit, je le répète, pour exciter contre elle les susceptibilités de l’opinion, et elle ne les désarmera qu’en trouvant une combinaison, facile du reste, qui mette sous ce rapport son intérêt d’accord avec celui du public. Elle pourrait encore se montrer un peu plus libérale en délivrant gratuitement, ou à peu près, des mandats d’une succursale sur l’autre ou sur l’établissement principal, alors qu’elle trouve souvent avantage elle-même à ce qu’on lui verse dans une succursale l’argent qu’elle aurait à y envoyer, et réciproquement. Elle pourrait enfin se presser davantage d’augmenter le nombre de ses succursales. Il importe peu qu’elles ne soient pas toutes également productives : ce qui importe, c’est que la Banque de France fasse jouir tout le pays des avantages de son crédit, le monopole dont elle est investie n’a pas d’autre raison d’être ; mais tout cela, ce sont des améliorations de détail qui ne touchent en rien les principes essentiels sur lesquels repose et doit reposer la Banque de France.

L’état a sur la Banque de France un droit de surveillance et