Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/774

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Toute la fête horrible et longue du mystère ;
Et plus tard, quand c’est fait… après… quand on est seul,
Le lit avec le drap qui manque, — son linceul !
Et le silence affreux qui tombe des murailles,
Et cet arrachement qu’on se sent aux entrailles
Lorsque l’on croit l’entendre ou parler ou venir,
Car il est là toujours, la chambre en est emplie…
Et les jours ? et les nuits ? et puis le souvenir !
Et l’oubli ? .. l’autre mort ! L’oubli ! — car on oublie…

Brume, nuage ou rêve éblouissant et doux,
Savez-vous ce que sont ces ombres ? savez-vous
De quoi le ciel a fait leur tristesse ou leurs charmes ?
Le nuage de pourpre et la brume d’argent,
Il les a faits d’eau pure, et le rêve changeant
De larmes !


LE BERCEAU.

Dans la moire et le satin
(L’enfant vient de naître),
Il est couché, ce matin,
Le cher petit être.
Chacun accourt et, tremblant,
Sur le lit se penche,
Pour voir dans son écrin blanc
Cette perle blanche.

Chacun soulève à demi
Les fines dentelles
Pour voir cet ange endormi,
Qui n’a plus ses ailes,
Pour voir ces nids à baisers,
Sa main délicate
Et ses petits pieds rosés
Aux ongles d’agate.

Blanc comme une hostie et pur
Comme une prière,
On voit encor de l’azur
Luire en sa paupière ?