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préside le chapitre, c’est-à-dire l’assemblée des chanoines. Ces derniers sont des ecclésiastiques recevant une prébende ou revenu annuel pour faire le service dans la cathédrale. Ce revenu se prélève sur les biens qui appartiennent au chapitre et qui consistent surtout en terres. Les chanoines se divisent en six major canons (grands chanoines) et en minor canons (petits chanoines) au nombre de cinq. Dans les premiers temps, s’il faut en croire la tradition, ils vivaient en commun ; aujourd’hui même leurs maisons se groupent volontiers autour de la cathédrale, dans le precinct ou enceinte sacrée. Ce sont pour la plupart de vieilles et vénérables constructions de pierre arrangées dans le goût moderne, entourées de jardins dominés par la vue du clocher, et ombragées de grands arbres au-dessus desquels passent les voix sibyllines des corneilles. Tout rappelle dans ces paisibles retraites quelque chose de l’ancien caractère clérical, à cela près qu’on y voit flotter des robes de femme et qu’on y entend éclater par intervalles le rire frais et naïf des enfans. Dans ces nids de verdure, la réformation a introduit un élément nouveau, la famille[1].

À la personne de l’archevêque se rattachent en outre deux archidiacres (archdeacons) qu’il désigne lui-même pour exercer une surveillance dans un certain département du diocèse (archdeaconry), un vicaire-général, des chapelains et tout un état-major ecclésiastique. La cathédrale est regardée comme la mère des autres églises, le centre du système paroissial et le siège de l’action religieuse. Il ne faut d’ailleurs point perdre de vue que la juridiction de l’archevêque de Canterbury s’étend sur toute une province, c’est-à-dire sur vingt diocèses. Un de ses principaux attributs est celui de convoquer, avec la permission de la reine, les évêques et les représentans de ces divers diocèses à une assemblée générale qu’il préside et qu’on a nommée, non sans raison, le parlement du clergé.


II

Le droit de se constituer de temps en temps à l’état de pouvoir législatif est un des très anciens privilèges de l’église anglicane. Ce qu’on appelle la convocation de la province de Canterbury par exemple ne doit son origine à aucune concession de la couronne. La convocation a commencé dans des temps très reculés, alors que le parlement lui-même s’érigea en un corps délibérant ; elle a suivi

  1. Autrefois les chapitres avaient le droit d’élire les évêques. Ce privilège leur a été enlevé, et les évêques sont aujourd’hui nommés par la couronne à peu près de la même manière que les doyens.