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d’un pas égal les destinées des grandes assemblées politiques de l’Angleterre. A l’époque de la réformation, Henri VIII dépouilla ce synode de tous les pouvoirs qui étaient de nature à le rendre dangereux pour l’état. Il fut enjoint au clergé de ne s’assembler qu’avec le consentement du souverain, et de ne s’opposer en rien aux prérogatives de la couronne ni aux lois et coutumes du royaume. Primitivement la convocation avait le droit de frapper des impôts sur le clergé ; ce droit même lui fut enlevé en 1665. L’église consentit à rentrer sous ce rapport dans la loi commune, c’est-à-dire à se soumettre aussi bien que les laïques aux mesures décrétées par le parlement. Avec le temps, le synode était tombé à l’état de pouvoir nominal, magni nominis umbra. Cette assemblée était encore convoquée à l’ouverture de chaque nouveau parlement ; elle jouissait bien en principe du droit de légiférer sur les matières religieuses, mais elle se trouvait en fait dans la main de l’autorité civile, qui pouvait toujours la contrôler ou la dissoudre selon son bon plaisir. A peine les membres du clergé étaient-ils réunis et commençaient-ils à délibérer, qu’un ordre du roi venait brusquement suspendre leurs travaux. Un tel état de choses se prolongea jusque vers 1860, où diverses influences se sont mises à l’œuvre pour ressusciter un des anciens pouvoirs de l’église. Ces grands efforts n’ont point été infructueux, et la convocation occupe aujourd’hui une place dans le système constitutionnel du royaume.

Pour réunir le clergé en convocation, il faut une lettre de la reine à l’archevêque de Canterbury. L’archevêque envoie ce mandat au dean (doyen), qui adresse alors une citation à tous les évêques de la province. Les ecclésiastiques se rendant à cette assemblée forment deux classes distinctes, ceux qui y siègent par droit de dignité, c’est-à-dire parce qu’ils occupent un rang élevé dans l’église, et ceux qui y sont promus par droit d’élection ; ces derniers prennent le nom de proctors, c’est-à-dire délégués. A peine les membres de la convocation se trouvent-ils réunis dans une des salles de Westminster qu’ils se séparent en deux chambres, upper house (chambre haute) et lower house (chambre basse). Cette division rappelle tout de suite celle du parlement civil, sur lequel s’est modelé le parlement de l’église. La chambre haute, composée des évêques, est présidée par l’archevêque de Canterbury, primat et métropolitain ; la chambre basse nomme un prolocutor ou speaker chargé de conduire les débats. Les deux chambres communiquent entre elles au moyen de députations. Cette assemblée cléricale se propose surtout de formuler des projets de loi qui seront ensuite soumis par le gouvernement à l’approbation des députés et des pairs du royaume. La discussion sur les matières à l’ordre du jour