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s’ouvre d’abord dans la chambre basse ; les orateurs y parlent librement pour ou contre, et lorsque des résolutions ont été votées, elles sont portées par le proloculor, suivi de ses assesseurs, à la chambre haute. Là les évêques décident en dernier ressort. C’est alors qu’il appartient au gouvernement de prêter main forte aux mesures proposées par la convocation ou bien de les laisser tomber dans l’oubli. Il s’en faut de beaucoup en effet que tous les projets de loi élaborés par le synode arrivent jusqu’au seuil du parlement ; la plupart d’entre eux restent au contraire ensevelis dans les limbes du domaine ecclésiastique. Il y a quelques années, la docte assemblée ne faisait encore que délibérer dans le vide ; on riait même en Angleterre de ses efforts pour galvaniser un cadavre. Le Times, qui ne ménage point le clergé tout en défendant la religion de l’état, comparait la convocation à un grand mai (maypole) « autour duquel de vieux enfans bizarrement attifés célébraient des danses périodiques, aussi longtemps que l’autorité voulait bien le leur permettre. » Pour donner la vie aux actes de cette réunion officielle du clergé, il eût fallu, disait-on, le concours de la reine, et la reine, par des raisons qu’il est facile de saisir, s’abstenait d’y prendre part. Combien les choses ont pourtant changé depuis ce temps-là !

L’adoption d’une mesure récente[1] par l’autorité civile a montré en 1865 que la vigueur longtemps endormie de la convocation n’était point éteinte. Encouragée par un tel succès, l’institution a voulu se fortifier en élargissant la base de son suffrage électoral. Jusqu’ici quatre-vingt-deux membres siégeaient d’office, ex officio, à la convocation de la province de Canterbury, tandis qu’on n’en comptait que vingt-cinq élus par les chapitres et quarante-deux par le clergé des paroisses. Il fut décidé qu’à l’avenir le nombre des proctors, représentant environ dix mille petits bénéficiers, serait égal à celui des membres privilégiés et des délégués des chapitres. Quelques orateurs proposaient même d’étendre les mêmes droits aux curates et d’introduire ainsi dans l’église une sorte de suffrage universel ; mais cette mesure a été repoussée comme intempestive. Les progrès qu’a faits en Angleterre depuis ces dernières années la convocation inspirent au haut clergé un grand espoir, à d’autres une certaine défiance. Dans tous les cas, c’est un fait grave que le vieux parlement de l’église anglicane essayant de renaître et ressaisissant une partie de son autorité sous un ministère libéral.

  1. Cette mesure rend obligatoire l’acte de souscription en vertu duquel les jeunes ministres s’engagent à professer les doctrines de l’église.