Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/910

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de punition. Quand les maîtres s’absentent, ils laissent les enfans seuls, avec une tâche préparée, et s’en vont en fermant à clé la porte de leur classe : pas un enfant ne bouge de son siège et de sa petite table. À l’heure de la leçon orale, ils sont si attentifs, si dociles, si désireux de s’instruire, qu’on en est émerveillé. Il y a vraiment chez ce peuple un fonds de gravité et d’honnêteté sérieuse qui,vaut bien la légèreté spirituelle dont nous aimons trop à nous vanter.

Les écoles de Boston sont placées sous la direction d’un comité immédiatement élu par le peuple, mais présidé par le maire et après lui par le président du conseil de la commune, qui en sont membres de droit. Chaque ward ou quartier nomme six députés et en renouvelle un tiers chaque année. Ce comité a le gouvernement absolu de tout ce qui se rapporte aux écoles municipales, fondation des maisons d’école, séparation des classes, choix et traitemens des professeurs, rédaction des programmes de l’enseignement. Un surintendant qu’il nomme chaque année remplit les fonctions d’inspecteur et d’agent exécutif de la petite assemblée. Le comité se subdivise en commissions électives, chargées des branches spéciales de l’enseignement ; elles font chaque année leurs rapports détaillés au comité central, qui lui-même publie à son tour un rapport général adressé au peuple. Il y a trois ordres d’écoles superposées suivant les degrés de l’enseignement, et les élèves subissent des examens pour passer d’un degré à l’autre. Dans les écoles primaires, qui sont au nombre de 250 environ, on apprend à lire, à écrire, à calculera Dans les écoles de grammaire, on apprend la grammaire, la géographie, la tenue des livres, les sciences élémentaires et l’histoire des États-Unis ; enfin, dans les écoles supérieures ou high schools, les langues vivantes, le dessin, les hautes mathématiques, l’histoire et la littérature générales. Il y a encore une classe d’humanités, latin school, toujours gratuite, où les enfans des gentlemen de la ville se préparent souvent aux études universitaires à côté des fils d’ouvriers. Quant à l’école normale supérieure des filles (high and normal school), elles y entrent par ordre de mérite, et en sortent avec des diplômes de capacité pour l’enseignement ; elles y apprennent le français, le latin, le dessin, la musique et les sciences, tout ce qu’il faut pour professer : c’est la pépinière où se forment chaque année les institutrices dont on a besoin.

J’ai vu à l’école supérieure de grandes jeunes filles vêtues en demoiselles prendre une leçon de français que leur donnait le professeur de l’école, — un pauvre réfugié politique. C’étaient les filles des artisans et des petits boutiquiers de la ville. La plupart sont