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de contester le pouvoir, et qu’on trouve leur temps mieux employé à diviniser Robespierre et à enfanter de petits jacobins qu’à faire de l’opposition à un préfet. La différence que nous signalons est bien visible aujourd’hui : l’entente utile et pratique des opinions se fait bien mieux dans l’opposition libérale de la chambre que parmi les journaux. L’opposition au corps législatif établira cette entente en donnant aux questions qui l’unissent la prééminence sur les questions qui pourraient la diviser. Les premières sont d’ailleurs plus importantes, plus opportunes, plus urgentes que les secondes. Parmi les premières sont la question des libertés intérieures, la question du Mexique, les questions financières. Nous ne saurions avoir la pensée d’anticiper sur ces débats ; nous ne dirons qu’un mot de la question du Mexique. Notre vœu a toujours été, nos lecteurs le savent, que l’on évitât la complication extérieure qui devait être un jour ou l’autre apportée par les observations des États-Unis dans cette pénible affaire : pour la prévenir, il eût fallu la prévoir de loin, et c’est malheureusement ce qu’on n’a point fait. Pour le moment, il semble néanmoins que la question du Mexique puisse être examinée en elle-même et dégagée des diversions américaines. Le gouvernement des États-Unis vient heureusement de montrer qu’il est aussi sincère et aussi prompt que décidé dans sa politique. Il a désavoué, réprimé, puni la tentative flibustière de Crawford sur Bagdad avant même de recevoir nos représentations. Il a démontré par un acte décisif qu’il pratique la neutralité dont notre ministre des affaires étrangères lui a demandé l’assurance. Notre discussion avec les États-Unis doit être considérée comme terminée sur la base de la note du 9 janvier de M. Drouyn de Lhuys. L’opposition libérale au corps législatif pourra donc examiner l’affaire du Mexique en elle-même sans se préoccuper des réclamations américaines. Il faut, pour l’honneur de notre retour du Mexique, que cet examen ait lieu. Il est des points sur lesquels il est indispensable que des explications soient demandées et données. On nous parle toujours des indemnités dues à nos nationaux, pour lesquelles l’expédition aurait été entreprise ; il serait temps enfin de savoir si, comme l’ont dit les journaux étrangers, l’une de ces indemnités aurait été payée, tandis que les autres n’auraient point été liquidées. Un des incidens les plus fâcheux de la question mexicaine a été le décret du 3 octobre 1865, qui soumet les Mexicains pris les armes à la main au jugement des conseils de guerre et à une exécution sommaire. Nous avons longtemps refusé de croire à l’existence d’un pareil décret ; mais puisqu’il a été en effet rendu, puisqu’il est devenu l’objet d’une représentation diplomatique des États-Unis, puisqu’il a été qualifié dans les chambres belges avec une juste sévérité, il ne nous paraît pas possible qu’il ne provoque pas dans notre chambre une protestation généreuse. Nous ne savons s’il faut considérer comme authentiques des pétitions écrites par des soldats belges prisonniers du général juariste Riva-Palacio et une lettre du maréchal Bazaine à ce général autorisant un échange