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qu’il lui avait vu une sorte d’enveloppe lumineuse analogue à la chevelure cométaire ; mais Ton reconnut bientôt qu’il avait été le jouet d’une illusion d’optique due à l’état défectueux de son instrument, et Pallas fut appelée à s’asseoir à côté de son aînée.

Deux ans plus tard, en 1804, l’astronome Harding aperçut Junon, et en 1807 Olbers rencontra lui-même une quatrième planète, qui reçut le nom de Vesta en raison de la blancheur et de la pureté de sa lumière. Tous ces astres se meuvent autour du soleil dans l’espace compris entre les orbites de Mars et de Jupiter. Olbers tenta d’expliquer le rapprochement de ces quatre orbites entrelacées en supposant que les nouvelles planètes étaient des éclats d’un astre plus considérable qu’une cause quelconque aurait détruit à une époque très reculée ; mais cette hypothèse, quelque ingénieuse qu’elle soit, n’est point confirmée par la situation relative des orbites.

Olbers continua ses recherches encore pendant dix ans, mais sans résultat. Ce n’est qu’en 1845, à trente-huit ans de distance de la découverte du quatrième astéroïde, qu’un maître de poste de Driesen en Prusse, M. Hencke, renoua le fil de ces découvertes en nous donnant Astrée. A dater de cette époque, les astéroïdes se sont succédé si rapidement que leur nombre s’élève déjà, en ce moment, à quatre-vingt-six ; leurs distances du soleil varient entre les limites 22 et 34, la moyenne est 28 : c’est précisément le nombre prévu par le professeur Titius.

La découverte physique des astéroïdes a été, nous l’avons déjà dit, purement fortuite. Les recherches qui avaient eu cette découverte pour but avoué et ostensible avaient été infructueuses et n’étaient d’ailleurs, disons-le, autorisées par aucune certitude théorique. La loi de Titius n’est point d’une exactitude rigoureuse : ce n’est pas une vérité mathématique basée sur un principe quelconque ; on va même voir qu’elle n’embrasse point toutes les planètes connues, puisqu’elle se trouvera en défaut pour Neptune. Néanmoins elle a été vérifiée après coup pour Uranus et pour plusieurs des petites planètes. Peut-être un jour cette loi mystérieuse nous sera-t-elle expliquée à son tour ; elle est si frappante qu’elle doit avoir une signification.

Une découverte bien plus inattendue que celle des astéroïdes avait été celle de la grosse planète Uranus par sir William Herschel. Le 13 mars 1781, ce grand astronome aperçut dans le champ de son télescope une étoile d’un diamètre très appréciable. Il prit note de la position de l’astre suspect, et la nuit suivante il put déjà constater un déplacement sensible. Toutefois il était si éloigné de songer à une nouvelle planète qu’il prit sa trouvaille tout d’abord pour une comète ; mais l’on ne tarda pas à en reconnaître la véritable nature. Il fut même prouvé que cette planète était déjà venue dix-neuf fois depuis 1690 se faire inscrire dans les catalogues d’étoiles en dix-neuf positions différentes. Les observations anciennes d’Uranus étant combinées avec celles que les astronomes avaient obtenues depuis 1781, on pouvait songer à construire des tables qui permettraient