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Il n’y a pas lieu de s’arrêter davantage sur quelques apparences bizarres de taches traversant le disque du soleil soit avec une certaine lenteur, soit avec une rapidité qui éloigne toute supposition de passage d’une planète. Telles sont les observations de MM. de Lichtemberg et de Pœlnitz, le 19 novembre 1862, de M. Hoffmann en mai 1864, du professeur Ritter et de M. Jules Schmidt en 1857, et diverses autres qui ont fait un certain bruit dans leur temps. — Quelle que soit la cause à laquelle on doive attribuer ces faits singuliers, il ne peut dans aucun d’eux, d’après les circonstances où ils se sont produits, être question de planète.

Mais voici des faits qui paraîtront susceptibles d’être interprétés en faveur des planètes intra-mercurielles. En 1761, Abraham Scheutten, de Crefeld, annonça qu’il avait vu un petit corps noir accompagner Vénus dans son passage sur le soleil. Cette petite tache ronde et nettement terminée, d’un diamètre égal au quart de Vénus, avait mis environ trois heures à faire son trajet. Scheutten se vanta alors d’avoir découvert le satellite de l’étoile du berger, opinion qui s’accrédita si bien à cette époque que le grand Frédéric proposa de donner à cette lune le nom de son ami d’Alembert ; mais celui-ci s’en défendit en déclarant qu’il n’était ni assez grand pour devenir au ciel le satellite de Vénus, ni assez bien portant pour l’être sur la terre. Pour beaucoup de raisons, on ne peut pas admettre que Vénus possède un satellite ; l’observation de Scheutten demande donc une autre explication.

Vers la fin de février 1762, Jean-Gaspard Staudacher, de Nuremberg, observateur assidu des taches solaires, aperçoit un point noir et bien rond qui a disparu le lendemain, et il se demande aussitôt s’il ne s’agit pas là d’une nouvelle planète. Des taches rondes, très noires et très petites, se déplaçant sur le disque du soleil et mettant plusieurs heures à le traverser, ont été vues en 1798 à Tarbes par le chevalier Dangos, dont la bonne foi est malheureusement suspecte et l’autorité douteuse, à Quedlinbourg, à diverses reprises, de 1798 à 1802, par le pasteur Fritsch. Des observations analogues ont été faites : le 29 mars 1701 par Cassini à Montpellier, — le 6 janvier 1818 a Ipsvvich par Capel Lofft, — les 26 juin et 9 octobre 1819, le 12 février 1820 et le 31 juillet 1826 par le chanoine Stark, à Augsbourg, — en octobre 1839 par M. de Cuppis, à Rome, — en 1847 par M. Benjamin Scott et M. Wray à Londres, — en 1853 par M. Jaennicke à Francfort-sur-le-Mein, — en 1857 par l’avocat Ohrt à Wandsbeck, etc. L’une des observations de Stark a été confirmée d’une manière très curieuse. Stark aperçut, le 12 février 1820, à midi, une petite tache bien ronde, de couleur orange, qui avait disparu vers quatre heures et demie du soir. Le même jour, l’abbé Steinheibel, d’Engesfeld près Vienne, vit à dix heures trois quarts une petite tache de forme circulaire et de couleur orange qui mit cinq heures à traverser le disque solaire. Cette coïncidence de deux observations indépendantes n’est-elle pas très significative ? De 1834 à 1836, le conseiller von Pastorff, qui avait un petit observatoire dans sa terre de