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récemment prononcé l’éloge académique, devait formuler ses propres conclusions dans la suite de ce volume : il n’a pu le faire ; quelque temps après, sa santé s’affaiblit, la mort l’emporta, et le monde savant a été privé d’une théorie complète de ce grand et mystérieux phénomène. C’est une perte irréparable, car depuis Mairan personne n’avait plus profondément étudié et analysé les aurores dans le pays même où elles se montrent avec tout leur éclat. Le Spitzberg a été visité deux fois par la commission scientifique du nord, et les officiers de la Recherche ont relevé le plan des deux baies de Bellsound et de Magdalena-bay ; ces plans font partie des cartes hydrographiques que le dépôt de la marine met libéralement à la disposition du public et des navigateurs.

Dans sa première campagne, en 1838, la Recherche rencontrait déjà un banc de glaces flottantes entre le Cap-Nord et l’île de l’Ours (Beeren-island des Hollandais, Cherry-island des Anglais), par 73 degrés de latitude ; mais dans le second voyage nous longeâmes toutes les côtes du Spitzberg et parvînmes le 2 août 4839 jusqu’à 79° 34’ sans voir une glace flottante. La mer était libre aussi loin que la vue pouvait porter. Jeunes et ardens, nous pressions le capitaine de pousser plus avant dans le nord, la route du pôle était peut-être ouverte devant nous ; Bravais insistait pour que l’on reconnût au moins la banquise. Les conseils de la prudence l’emportèrent : le but de l’expédition n’était pas d’atteindre le pôle. C’eût été une entreprise hasardeuse avec un petit navire à voiles ; actuellement l’hélice rend facile ce qui était difficile et possible ce qui ne l’était pas alors. Nous entrâmes dans la baie de la Madeleine, où nous restâmes douze jours occupés de travaux divers. Depuis, une commission suédoise, composée de MM. Nordenskiöld, Malmgren, Chydenius, Blomstrand, Duner et Torell, a exploré le nord du Spitzberg, dressé une carte exacte de l’archipel des Sept-Iles, jalonné les points qui pourraient servir à la mesure d’un arc du méridien compris entre 79° 8’ et 80° 50’ de latitude et fait connaître les productions naturelles de ces îles. Le gouvernement suédois a l’intention de faire continuer cette étude et compléter ainsi l’exploration du Spitzberg. Avec un budget qui ne dépasse pas la moitié de celui de la Ville de Paris, il trouvera les ressources nécessaires pour expédier de nouveau un navire au nord du Spitzberg et achever l’œuvre si bien commencée en 1861.


II. — EXPEDITIONS PROJETEES PAR LES MERS DU SPITZBERG.

Après ce qu’on vient de lire, on est au courant de la géographie des régions polaires situées sous le méridien de l’Europe moyenne et des tentatives faites pour arriver au pôle de ce côté. C’est par les