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l’excédant de revenu dû à cet accroissement de trafic viendra à point, dans quelques années, pour couvrir les dépenses de réfection et d’amélioration de la voie.

Les ingénieurs français — MM. Lan et Bergeron, qui ont étudié avec beaucoup de soin les chemins de fer économiques de l’Écosse, et à qui ces renseignemens sont empruntés, n’ont trouvé au fond rien de bien nouveau ni dans le système de la construction ni dans les procédés d’exploitation, si ce n’est un esprit de stricte économie qui perce jusque dans les moindres détails et une grande indépendance laissée à ces petites compagnies en ce qui concerne les règlemens de service et de tarifs. Pour la construction, le plus important est, on l’a dit plus haut, de suivre les contours du sol au moyen de pentes rapides et de courbes à faible rayon, de façon à éviter tous les ouvrages d’art dispendieux, et sauf à rectifier plus tard les parties du tracé qui imposeraient des dépenses de traction trop considérables. Ces rectifications ne viennent d’ailleurs que quand le succès de l’entreprise est assuré. Stations, voies de garage, barrières, trottoirs, tout est réduit au nécessaire. Il faut ajouter aussi qu’en Écosse la propriété est peu divisée, et que les propriétaires des terrains traversés, étant en grande partie souscripteurs du fonds social, ne pourraient émettre des prétentions exagérées sans rencontrer une vive-opposition de la part de leurs coassociés. Les travaux n’étant pas assujettis à un mode uniforme, comme sur le réseau d’une grande compagnie, l’ingénieur qui est sur les lieux fait, pendant que la voie est en cours d’exécution, les changemens que comporte la localité, il emploie les matériaux les moins coûteux et réalise en somme des économies importantes. Enfin les intérêts individuels, qui ne manquent jamais de se coaliser contre une grande compagnie étrangère au pays, afin d’obtenir les uns un pont ou un passage à niveau, les autres une gare plus commode ou plus rapprochée, n’osent agir de même envers une compagnie locale dont leurs exigences, ils le savent bien, anéantiraient les efforts dès le début.

On a dit souvent que la concentration d’un vaste réseau de chemins de fer entre les mains d’une société puissante a pour effet de diminuer les frais généraux d’administration. Cette assertion n’est pas exacte pour les chemins de fer de l’Écosse, où les frais généraux sont à peu près nuls. Ainsi l’embranchement de Leven, dont il a été question plus haut, a pour administrateurs des propriétaires ou industriels du pays qui s’occupent avec activité des affaires de la compagnie sans traitement ni jetons de présence, et par ce seul motif que leur intérêt personnel y est engagé. Le président du conseil est un meunier-distillateur dont l’usine est située au milieu du chemin