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Au royaume d’Espagne, à une grande partie de l’Allemagne, aux royaumes de Sicile et de Naples, à la Flandre, à la Zélande, à la Hollande, au Brabant, au Hainaut et au reste des Pays-Bas qu’il possède par héritage, il joint par élection l’empire et tout ce qui en dépend soit en Italie, soit en Allemagne, et il aura par le mariage avec la princesse Marie, sa fille unique et son héritière, l’expectative de l’Angleterre, de l’Irlande, de droits éventuels sur l’Ecosse, et la réversion de la France. »

Prévoyant le cas où l’empereur se refuserait à opérer l’invasion en personne, Henri VIII demandait qu’elle fût conduite par le duc de Bourbon, qui y emploierait l’armée d’Italie. Le duc de Bourbon prendrait la route qu’il avait indiquée lui-même à sir John Russell, et trouverait à Brisach le secours d’artillerie demandé à l’archiduc Ferdinand. L’empereur inviterait la gouvernante des Pays-Bas à tenir prêts trois ou quatre mille chevaux et autant de fantassins qui viendraient se joindre à l’armée du roi d’Angleterre descendue sur les côtes de France, et il obligerait le pape, les Vénitiens, les Florentins, le duc de Ferrare à fournir une contribution convenable, tandis que lui donnerait 150,000 couronnes au duc de Bourbon. L’invasion ayant réussi, Henri VIII manifestait l’intention de ne pas garder tout entier le royaume de France, dont il laisserait à l’empereur et au duc de Bourbon des parties capables de les contenter. En même temps qu’il restituerait à l’empereur la Bourgogne, il lui céderait la Provence et le Languedoc jusqu’à Toulouse, Il accorderait le Dauphiné au duc de Bourbon, qui réunirait cette province à ses anciens états patrimoniaux recouvrés. Il conserverait le reste de la France ainsi réduite, qui échoirait plus tard à l’empereur, auquel il remettrait sa fille dans Paris même afin qu’il l’épousât.

Si Charles-Quint trouvait cette ambition excessive de la part d’un allié qui était demeuré inactif, s’il n’entendait pas exécuter l’invasion convenue par le traité de Windsor, s’il ne se décidait point à déposséder François Ier de sa couronne, Henri VIII espérait au moins qu’il ne laisserait à François Ier abaissé qu’un royaume fort amoindri. Il demandait alors subsidiairement tout ce qui avait appartenu aux rois d’Angleterre ses prédécesseurs, les duchés de Normandie, de Gascogne, de Guyenne, d’Anjou, le Poitou, le Maine, en y ajoutant la Bretagne. En cas que ces prétentions fussent réputées encore trop considérables, il les réduisait successivement en désignant les provinces qui étaient le mieux à sa convenance, et qu’il lui aurait été le plus avantageux d’acquérir. Ainsi Henri VIII revendiquait le royaume de France, dont une partie serait attribuée à l’empereur et au duc de Bourbon, ou une vaste étendue du pays, dont la cou-