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plus haut, accepte encore la totalité de l’ancienne dette publique. Or la cour de Rome fût-elle de force à supporter un pareil sacrifice les auteurs de la convention du 15 septembre ne voudraient pas le sanctionner. L’article 4 de leur traité dit formellement : « L’Italie se déclare prête à entrer en arrangement pour prendre à sa charge une part proportionnelle de la dette des anciens états de l’église. » Nous ne savons pas si la diplomatie est à l’œuvre pour préparer ce partage ; une liquidation de ce genre est très épineuse, et l’inertie calculée de la cour de Rome pourrait aisément la prolonger au-delà du temps fixé pour l’exécution du traité. La répartition de la dette sera-t-elle faite proportionnellement aux surfaces et au nombre des habitans, ou tiendra-t-on compte de la richesse acquise, de l’industrie, des forces contributives de chaque localité ? La prétention très légitime des Italiens est de prendre leur part seulement dans la charge existant à l’époque où ils ont occupé les quatorze provinces ; ils ne veulent pas reconnaître les emprunts postérieurs, contractés pour faire échec à l’unité italienne, d’autant plus que ces emprunts in extremis ont sans doute été fort onéreux, et qu’on ne sait pas jusqu’à quel point le capital nominal a été rempli. En revanche, si l’on fait remonter le partage de la dette jusqu’aux jours de Castelfidardo, il semblerait juste de rembourser au gouvernement romain la part afférente aux anciennes provinces dans les annuités qui auront été payées depuis la séparation.

La situation de la dette pontificale ne ressort pas d’une façon bien nette des documens connus. La domination française avait transmis des finances en bon état à la papauté restaurée, et on ne trouve pas trace d’embarras jusqu’aux dernières années de Léon XII. Un déficit fut accusé pour la première fois en 1828, et on prit dès lors l’habitude de le compenser par des expédiens. Le désordre offrit un caractère inquiétant sous le long pontificat de Grégoire XVI. Un système de compression politique multipliait les dépenses, tandis que l’incurie et les dilapidations dévoraient les ressources. Il y eut pendant cette période jusqu’à cinq emprunts, sans compter les ventes des biens domaniaux ni les cessions de monopoles malfaisans avec lesquels on battit monnaie. Les intentions excellentes que Pie IX apporta sur le trône sont assez connues. Voulant rompre avec le passé, il ne craignit pas de livrer au contrôle de la publicité les opérations mystérieuses de ses prédécesseurs. On sut alors que les déficits et les expédiens depuis vingt ans avaient porté à 200 millions de francs le capital de la dette publique. C’était déjà beaucoup pour un petit état sans industrie. A peine était-on entré dans les voies de l’économie qu’une agitation politique créa des nécessités impérieuses ; il fallut emprunter de nouveau. On émit