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contributives doit être exonéré des trois quarts de la dette ; mais, comme nous l’avons dit, on ne voudra reconnaître à Florence que la dette existante au moment où les quatorze provinces ont été annexées de fait au royaume d’Italie, c’est-à-dire une vingtaine de millions sur 26 et demi[1]. En revanche, il semble juste qu’on tienne compte à la cour de Rome des annuités qu’elle a payées à découvert pendant cinq ou six ans. En définitive, il y aurait une rente d’environ 25 millions de francs dont il faudrait soulager le budget romain pour l’ajouter à la dette déjà si lourde au royaume d’Italie.

Ces chiffres sont effrayans : il ne faut pas trop s’y appesantir. Il ne nous appartient pas d’ailleurs de tracer la règle à suivre pour liquider la dette pontificale. Notre unique préoccupation en ce moment est de diriger la lumière sur le point où toutes les autres difficultés viennent se nouer d’une manière inextricable. Le pouvoir temporel de l’église romaine est-il viable dans la condition nouvelle où il a été placé ? L’avenir de l’Italie dépend de l’expérience qui sera faite à cet égard. Ne nous faisons pas d’illusions. S’il était possible au pouvoir temporel de vivre et de se mouvoir dans les limites tracées par la convention du 15 septembre, Rome mettrait Florence en péril. S’il reste démontré au contraire que le régime du 15 septembre ne peut pas faire ses frais, comme il est impossible de revenir sur ce contrat, la papauté se fatiguera d’une royauté souffreteuse et mendiante, et elle ira au-devant d’une combinaison de nature à concilier son indépendance religieuse avec la pacification de l’Italie. Eh bien ! il va nous suffire d’analyser la situation financière révélée par le budget préventif de 1865 pour démontrer que le pouvoir temporel du pape est condamné à des embarras mortels.

En admettant que le trésor pontifical dût être exonéré de 25 millions de rentes transférées à la charge du royaume d’Italie, le budget des dépenses serait abaissé à 40 millions, soit même à 45, si l’emprunt en émission est réalisé. La recette étant évaluée à 34, voici déjà de ce chef un déficit chronique, et ce n’est pas tout : le projet de budget pour 1865, remarquons-le bien, n’est pas le résumé des faits consacrés par l’expérience. Il n’y faut voir qu’une sorte de prospectus financier, dressé sans doute en vue d’un appel au crédit. On y a forcé les recettes, et certaines dépenses y sont évidemment insuffisantes. La force contributive des états pontificaux ayant été amoindrie des trois quarts, la recette devrait être estimée à 19 millions, et nous la voyons portée à 34. Dans le budget qui a précédé

  1. Certaines rentes nominatives, provenant des provinces romaines annexées, sont déjà inscrites au passif du budget italien pour une somme d’environ 1,450,000 francs.