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Il va sans dire que les mêmes anomalies se rencontrent dans la distribution des canonicats, des séminaires, des paroisses. On voit que le personnel ecclésiastique s’est groupé à l’aventure, sans égard aux besoins religieux des populations. Les chapitres métropolitains et les églises collégiales sont munis de canonicats et de prébendes où se prélassent 13,657 bénéficiers avec un revenu moyen d’environ 600 francs par tête. Il y a en outre près de 20,000 bénéfices simples assignés à des prêtres isolés. Les séminaires, plus nombreux que les diocèses, renferment 16,500 clercs. La classe sacrifiée, le croirait-on ? est celle sur qui pèse le poids du sacerdoce, le clergé paroissial. Il y a comme chez nous des cures et des succursales, quelques-unes très populeuses et d’autres sans troupeau. Les curés sont au nombre de 16,300, avec un revenu collectif inférieur à 15 millions ; mais la répartition est très inégale. Pour beaucoup, le revenu tombe au-dessous de 300 fr., et ceux-ci ne pourraient pas vivre sans la commisération de leurs paroissiens. Les succursalistes, au nombre d’environ 11,000, sont encore plus à l’étroit. Les frais du culte ne sont pas assurés partout. Pour la moitié seulement des églises, il y a des biens de fabrique donnant ensemble un revenu d’une douzaine de millions.

Le personnel monastique a déjà été réduit par la suppression de 800 couvens d’hommes et 24 monastères de femmes, appartenant aux ordres mendians, Ainsi ont été rendus à la vie privée 7,521 moines engagés dans le sacerdoce et 5,335 moines laïcs. On veut arriver à la suppression complète des monastères, au moins comme corporations reconnues ; ceux qui voudront vivre de la vie commune pourront se grouper sous le régime de la liberté et l’empire de la loi civile. Seront conservés par exception les ordres consacrés exclusivement à l’éducation publique ou au service des malades. Toutes les variétés du genre monastique sont encore représentées par 25,540 moines ou religieuses : il y a, sous les dénominations et les règles les plus diverses, 625 couvens d’hommes, dont le revenu net déclaré est de 4,766,764 fr., 537 couvens de femmes, avouant un revenu de 4,761,362 francs. Dans ces chiffres ne sont pas compris les revenus de 199 maisons qui se disent vouées à des services publics. Enfin les mendians de la famille franciscaine, au nombre de 7,372, possèdent encore 409 couvens d’hommes et 19 monastères de femmes sans revenus avoués. Pour les sièges épiscopaux restés vacans et pour les établissemens religieux déjà supprimés, il y a des domaines à gérer et des pensions à servir : cela donne lieu à une espèce de liquidation suivie par deux caisses ecclésiastiques, l’une à Turin et l’autre à Naples.

Plaçons-nous au point de vue du trésor public pour évaluer dans son ensemble la valeur financière de l’asse ecclesiastico. Les chiffres