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Society for the propagation of the Gospel in foreign parts (société pour propager l’Évangile dans les contrées étrangères), qui fut instituée en 1701. Elle était d’abord destinée à répandre l’instruction chrétienne dans les colonies anglaises ; mais, non contente d’exercer ses efforts sur des possessions couvrant une superficie de neuf millions de milles carrés, elle entame aujourd’hui bien d’autres territoires sur lesquels ne flotte point le drapeau de la reine. Le célèbre John Wesley était un des missionnaires de cette société, qui l’envoya en Amérique de 1735 à 1738. A l’époque de la fondation, elle ne comptait guère dans les pays lointains qu’une vingtaine d’émissaires ; sa juridiction et ses services s’étendent maintenant à trois mille clergymen de l’église d’Angleterre, disséminés sur toutes les parties du monde. Dans les vastes régions où pénètre son influence, elle implante le système des évêchés et des paroisses tel qu’il existe dans la mère-patrie, et frappe ainsi les contrées les plus diverses du cachet de l’organisation protestante. Cette société, à la tête de laquelle figurent l’archevêque de Canterbury et toutes les sommités ecclésiastiques du royaume, jouit d’un revenu qui s’élevait en 1864 à 102,997 livres sterling (2,574,925 francs), et qui se forme chaque année de souscriptions ou de dons volontaires. Une autre grande institution, également fondée sur les principes de l’église établie, est la Church missionary society (société de missionnaires pour l’Afrique et l’Orient). Elle naquit à Londres en 1799 d’une réunion de clergymen et de laïques. Durant les deux premières années, elle ne put réunir que la faible somme de 177 livres sterl. (4,425 fr.). Ses ressources pécuniaires s’accrurent un peu avec le temps ; mais les hommes, c’est-à-dire les missionnaires, manquaient absolument dans la Grande-Bretagne. La côte d’Afrique et plus particulièrement les environs de Sierra-Leone, sur lesquels on se proposait d’agir, étaient alors considérés comme une des régions les plus malsaines de la terre. Vers ce même temps, il existait en Allemagne une autre société de missionnaires protestans qui avait des hommes, mais point d’argent. Les deux institutions entrèrent en rapports. Les Anglais convinrent de fournir des fonds, si les Allemands voulaient bien fournir des soldats pour cette œuvre de conquête morale. Ce furent donc des étrangers qui entrèrent les premiers en lice et qui tracèrent la voie aux entreprises britanniques dans ces terres redoutées. Un fait remarquable, c’est que les femmes en Angleterre eurent alors plus de courage que les hommes. Les missionnaires allemands, qui partirent mariés, emmenèrent avec eux des épouses anglaises, décidées à braver les terreurs du climat. Aujourd’hui quel changement ! L’élément national a remplacé l’élément étranger dans le personnel des missions, et combien s’est agrandi le