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défense de nos côtes de la Méditerranée. Cette dernière partie du programme de 1844 est encore à l’état de projet, les autres travaux ont été exécutés. La jonction des îles de Pomègue et de Ratonneau a créé le port de quarantaine du Frioul, et permis de débarrasser la ville de Marseille du voisinage dangereux de l’ancien lazaret. A la place où il s’élevait, de nouveaux ports ont été creusés et toute une ville conquise sur la mer : la route de ceinture, qui devait unir à l’ancien port celui de la Joliette et les rattacher par des pentes douces au plateau supérieur de la vieille ville et jusqu’à la route d’Aix, a servi de point de départ à ces grands travaux de reconstruction et de nivellement qui ont transformé la partie nord de Marseille. Enfin le port de la Joliette, qui avait déjà mis à la disposition du commerce 21 hectares d’eau et 2,200 mètres de quais, a vu depuis l’année 1855 quatre nouveaux ports se creuser successivement. La création des docks-entrepôts et du bassin Napoléon, décrétée en 1859, a permis, par le simple prolongement de la jetée, d’ajouter au bassin de la Joliette ceux du Lazaret et d’Arenc, destinés au service exclusif des docks, et le bassin Napoléon, ouvert à la fois aux docks et au public. Déjà les fondations d’un nouveau port, le Bassin-Impérial, creusé à la suite, sortent de l’eau, et l’on dispose à la fois les bassins de radoub et de carénage entrepris par la société des docks. L’ensemble de ces travaux comprendra 136 hectares d’eau et 14 kilomètres de quais, au lieu des 29 hectares d’eau et des 2 kilomètres de quais d’il y a vingt ans. Ces progrès ne rivalisent-ils point avec ceux dont les États-Unis eux-mêmes donnent l’exemple? Marseille se trouve dès à présent à la hauteur de toutes ses destinées, et par les travaux en cours d’exécution, et par le système de développement des ports, tel qu’il est arrêté en projet. Que l’on se représente à la droite de la ville une longue jetée parallèle au rivage, derrière laquelle se trouvent déjà abrités les cinq bassins existans, et qui peut se prolonger jusqu’au cap Janet en renfermant un espace double de l’étendue actuelle; que de l’autre côté de l’avant-port, à la gauche de Marseille et comme formant la seconde branche de l’éventail, on imagine une digue disposée comme celle de droite, protégeant les ports en projet à l’anse des Catalans, à partir du promontoire qui domine la résidence impériale jusqu’à l’îlot où s’élève la tour Canouvier, en face de la pointe de l’Endoume; pour servir de vestibule à tous ces bassins creusés des deux côtés et en avant de l’ancien port, devenu ainsi un arrière-bassin, que l’on fonde une digue comme celle de Cherbourg, au milieu même de la rade, laissant à ses deux extrémités la mer grande ouverte, et l’on aura la représentation exacte du plan présenté par M. Pascal, adopté avec