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elles ? Pas encore. Outre l’endosmose, outre la capillarité, outre l’attraction des parties vertes, il doit y avoir, il y a de plus à coup sûr une force que l’on appellera, si l’on veut, dynamique vitale, — force mystérieuse dont l’intensité, bien qu’imparfaitement connue, se manifeste dans tous les phénomènes d’organisation, et vient par d’incontestables influences faire l’appoint aux causes physiquement appréciables en complétant et en rendant féconde l’harmonie des divers élémens que la vie fait mouvoir. C’est donc par le concours simultané de ces diverses forces, — endosmose, capillarité, attraction des parties vertes, dynamique vitale, — que s’opère périodiquement l’ascension de la sève dans la tige du chêne, de telle sorte que si notre regard, perçant la dure écorce, la couche libérienne, et les premières zones d’aubier, pouvait pénétrer dans l’intérieur, nous verrions au printemps, dans ce tronc massif et inerte en apparence, des millions de cellules et de tubes qui, travaillant chacun dans la sphère de ses attributions, pompent, attirent, distillent, transmettent, et contribuent respectivement à l’œuvre immense de la circulation végétale.

La sève circule; donc, après être montée, il faut qu’elle descende. Enrichie de toutes les matières qu’elle a dissoutes et s’est incorporées dans son trajet ascensionnel, elle est arrivée jusqu’aux surfaces supérieures, et, grâce à la porosité de ces surfaces, se trouve en contact immédiat avec l’air atmosphérique. Là s’accomplissent des phénomènes de haute chimie végétale. Sous l’influence d’une véritable respiration, la sève change de nature, devient sève élaborée ou descendante, puis, complètement organisée, opère une marche rétrograde. Elle est montée par les tissus internes du tronc, elle descend au travers des tissus de la surface, c’est-à-dire entre le bois et l’écorce, et y dépose, sous le nom de cambium, des amas de matières qui, mises en œuvre par les forces plastiques de la végétation, deviennent les élémens de deux nouvelles couches annuelles, l’une de bois, l’autre d’écorce. Partie de la racine, la sève revient à la racine, et c’est ainsi que s’accomplit ce que l’on est convenu d’appeler la circulation végétale.

Nous avons laissé la tigelle frêle et à peine sevrée au sortir de la phase cotylédonaire; il est temps d’y revenir. Des changemens anatomiques se sont opérés dans le tissu même. Du collet de la racine, dont on connaît maintenant l’importance organique, sont partis deux courans de vie, deux émissions de faisceaux qui, par suite d’une transformation du tissu cellulaire, s’allongent, les uns de haut en bas, les autres en sens contraire. Après l’hiver et le temps d’arrêt qui l’accompagne recommencent les mêmes phénomènes. Sur l’axe qui persiste se forment des bourgeons d’où s’élancent des rameaux et des branches. En même temps qu’il s’allonge ainsi par