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tonest de 94 centigrammes, et qu’il peut en moyenne soulever un poids maximum de 13 grammes 1/2; c’est quatorze fois et un tiers le poids du hanneton. Dans le cas le plus favorable, un hanneton a tiré vingt-trois fois son propre poids. Une espèce beaucoup plus petite, le hanneton du genre Anomala, développe un effort moyen égal à vingt-quatre fois son poids, et qui, dans un cas, est allé jusqu’à soixante-six fois ce poids. Pour un très petit staphylinien, le quedius fulgidus, ce rapport est représenté par trente; pour la trichie à bandes, petite espèce de cétoine qui vit sur les roses et qui porte une livrée jaune à galons jaunes et noirs, il est de quarante et un; pour le grand orycte nasicorne, qui pèse 2 grammes, ce rapport se réduit à cinq environ. Les plus grands coléoptères paraissent donc les moins bien doués. Après les coléoptères, M. Plateau a encore mis en expérience deux hyménoptères : l’abeille a pu traîner un poids vingt fois plus grand que le sien, le bourdon terrestre, qui est plus gros, n’a pas dépassé le chiffre de seize. En résumé, les tableaux qui renferment les résultats des nombreuses pesées exécutées par M. Plateau semblent démontrer clairement que, dans un même groupe d’insectes, les plus légers ou les plus petits présentent le rapport le plus élevé, ou que la force relative est en sens inverse du poids. Cette loi se trouve confirmée par les expériences sur la force de poussée et le vol.

La poussée a été observée chez les insectes fouisseurs. On les introduisait dans un tube en carton dont la surface intérieure avait été noircie et rendue rugueuse comme précédemment, et qui était fermé à l’un de ses bouts par une plaque de verre fixée à un levier horizontal. Apercevant devant lui la lumière à travers la plaque transparente qui lui barre le passage, l’insecte pousse celle-ci de toutes ses forces, pourvu qu’on l’excite un peu; la plaque avance, le levier tourne et soulève par son extrémité opposée le petit plateau de balance qui y est attaché par un fil passant sur une poulie. On verse du sable dans le plateau jusqu’à ce que la plaque ne cède plus aux efforts du fouisseur. M. Plateau a constaté par ce moyen que l’orycte nasicorne, qui pèse 2 grammes, exerce une poussée qui fait équilibre à trois ou quatre fois son poids; mais l’onthophagus nuchicornis, petit bousier qui ne pèse qu’environ 5 centigrammes, pousse devant lui de quatre-vingts à quatre-vingt-dix fois son poids. Ici, la loi est donc encore plus prononcée que dans la traction.

Les expériences sur le vol ont eu pour objet de déterminer le rapport entre le poids le plus fort qu’un insecte peut enlever par la force de ses ailes et le poids de l’animal lui-même. On façonne une boulette de cire molle d’un poids un peu supérieur à celui qu’on présume pouvoir être enlevé par l’insecte; on la lui colle sur le corps ou bien on la fixe par un fil, et on voit s’il peut se soutenir en l’air avec son fardeau. S’il tombe, on diminue le poids jusqu’à ce qu’il puisse l’enlever. Il s’est trouvé que le poids que différens insectes appartenant aux cinq ordres des coléoptères, des lépidoptères, des névroptères, des hyménoptères et des diptères parviennent à enlever varie entre le sixième et le double du poids de l’insecte qui le