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losophie positive. Si l’on recherche ce qu’il est, on voit qu’il représente la doctrine du sujet prise dans les besoins (la chose n’a point encore reçu de nom), dans les actes (morale), dans les œuvres (esthétique), dans les idées (idéologie). La doctrine du sujet ne peut prétendre à un rang plus élevé que le sujet lui-même. Or, que le sujet soit subordonné à l’objet, la conception de l’homme à celle du monde, c’est un des principes les plus certains et les plus féconds de la philosophie positive. Ainsi de ce côté encore se confirme l’invalidité de ce qui a été objecté à cette philosophie au nom de la psychologie, et apparaît quelle fut la sûreté de vue et la fermeté de M. Comte, quand, dans son acheminement vers son but grandiose, il négligea des conceptions que tout le passé lui recommandait comme indispensables.

Toutefois, la doctrine du sujet ayant un caractère qui lui est propre bien que secondaire, il me paraît qu’elle doit être considérée soit comme un appendice à la philosophie positive, soit comme une branche de l’anthropologie. Quoi qu’il en soit, le point sur lequel j’insiste et qui m’est propre, c’est que philosophiquement on ne disjoigne pas ces quatre embranchemens, et que, même en les traitant isolément, on les conçoive comme des parties d’un tout, qui est le sujet.

Voici terminé l’examen des objections faites contre la philosophie positive au nom tant de la psychologie que de la sociologie. En le poursuivant avec toute l’attention dont je suis capable et que me commandait en cette circonstance l’autorité de mon adversaire, je me suis convaincu une fois de plus que la philosophie positive est fondée, que la conception du monde telle que l’homme peut l’avoir est obtenue, que l’ordre hiérarchique des vérités générales est déterminé, que, grâce à cette conception et à cet ordre, le penseur se trouve au vrai centre de la nature intelligible, enfin que les conditions d’une philosophie positive, étant de provenir des sciences et d’instituer le rapport du tout et des parties, ont leur accomplissement dans ce qui a été fait par M. Comte et a reçu de lui un nom qui grandit.

Non pas que je prétende que l’œuvre soit close, et qu’il n’y ait plus qu’à répéter la parole du maître. Loin de moi cette pensée ; M. Comte nous a seulement, nous et nos successeurs, mis sur le seuil ; d’immenses travaux sont à exécuter, car, l’ancien point de

    ont servi à bâtir un véritable édifice. En 1863, dans mon livre sur Auguste Comte et la Philosophie positive, j’ai appliqué le même principe de classification, ce qui a été facile, non plus aux facultés, mais aux produits, et j’ai eu une série ascendante selon le même ordre, à savoir la théorie des besoins qui n’a guère occupé que les physiologistes, puis la morale, l’esthétique et l’idéologie. À mon gré, il y a déjà une lumière [illisible] concevoir superposées.