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DIANE DE POITIERS
D’APRES DES DOCUMENS NOUVEAUX

Lettres inédites de Diane de Poitiers, publiées d’après les manuscrits de la Bibliothèque impériale, avec une introduction et des notes, par M. George Guiffrey; 1 vol. in-8o; Renouard.

Chateaubriand a remarqué que, de toutes les maîtresses des rois de France, une seule, Agnès Sorel, ne fut pas inutile au prince et à la patrie. Toutes les autres apparurent comme des calamités publiques, et celles-là même qui empruntent à la poésie et aux arts un certain prestige, celles dont le nom éveille une sorte de sympathie en rappelant des splendeurs passées, ne peuvent pas résister à l’examen sérieux de l’histoire. De toutes ces favorites, il y en a peu qui aient le charme de la belle duchesse de Valentinois, Diane de Poitiers. Son souvenir évoque toutes les pompes, toutes les merveilles de la renaissance. On la voit entourée d’un cortège d’artistes immortels, Jean Cousin, Jean Goujon, Philibert Delorme, le Primatice. Diane brille dans cet olympe sous les traits d’une déesse, telle que Jean Goujon l’a sculptée, nue et triomphante, entourant de ses bras de marbre le cou d’un cerf mystérieux épris comme le cygne de Léda. C’est la chasseresse mythologique, la divinité des forêts suivie de ses chiens rapides, le carquois sur l’épaule, le croissant d’argent sur le front, La femme à l’éternelle jeunesse, qui exerça sur un siècle moitié chrétien, moitié païen, une véritable fascination, éblouit encore la postérité; mais si l’on descend dans la réalité des choses, si, grâce aux lumières de l’histoire, on place sous son vrai jour cette figure séduisante au premier abord, on est tout étonné de voir s’évanouir le prestige. On trouve une femme qui n’a