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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 octobre 1866.

Il serait difficile de prêter une attention curieuse et minutieuse aux petits faits qui recommencent à défrayer la vie politique journalière de l’Europe. Les émotions que nous ont données les événemens de cet été nous ont transportés au-dessus et au-delà de l’ordinaire ; l’ébranlement moral que ces événemens ont produit durera longtemps encore ; nous serons longtemps sous l’influence des grands coups portés, des vastes transformations opérées à vue, des horizons nouveaux soudainement ouverts, les petits faits qui se succèdent depuis quelques semaines, ne sont plus que les conséquences machinales de la violente impulsion antérieure ; efforts de mise en ordre, formalités finales, besogne de notaire et de maître des cérémonies.

On n’attend point de nous, par exemple, que nous revenions sur les actes d’annexion exécutés par le gouvernement prussien, que nous analysions les patentes royales qui ont accompagné l’incorporation des provinces ajoutées au royaume des Hohenzollern : le langage de ces patentes a pourtant une saveur si franche de vieille superstition monarchique, qu’il est un objet de haut goût pour les amateurs de curiosités. Nous n’essaierons pas de deviner le point juste où sont arrivées les négociations au sujet de la Saxe ; nous ne prédirons point les destinées du Luxembourg, ni si le roi de Hollande sera de force à tenir tête au monarque prussien. Les rongeurs de nouvelles de cour et de cabinet s’ingénient en conjectures sur l’indisposition de M. de Bismark et sur les dissentimens qui existeraient entre le radieux roi Guillaume et son formidable ministre ; nous ne leur demanderons pas leurs secrets. Les événemens qui coûteront peut-être sa couronne au roi de Saxe feront-ils gagner à son principal conseiller le premier portefeuille d’un grand empire ? M. de Beust sera-t-il ministre des affaires étrangères d’Autriche, et M. de Bismark trouvera-t-il enfin sur le terrain allemand un