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mais dès le principe on fut arrêté par les questions de personnes. Une des causes principales de ruine pour le trésor mexicain, c’est la quantité excessive d’officiers toujours en disproportion avec les corps de troupe. La révision des brevets, poursuivie par une commission spéciale, constata qu’un nombre considérable de grades avaient été usurpés pendant les guerres civiles ; la solde des titulaires grevait les finances sans profit comme sans raison. Il fallut éliminer surtout une masse d’officiers supérieurs. Aussitôt les mécontens, prêts à se jeter dans les rangs ennemis, furent si nombreux qu’on dut s’arrêter devant l’exécution de ces mesures, indispensables pourtant à la réduction des dépenses.

Avant tout, il fallait faire des efforts pour développer le commerce afin d’accroître le revenu des douanes et des octrois. Parmi les travaux les plus urgens à entreprendre figurait la réparation des grandes voies de communication, dégradées par une incurie de vingt-cinq ans et défoncées par les pluies torrentielles qui chaque hiver inondent le pays. Les ponts et chaussées préparèrent beaucoup de plans, de nombreux chantiers furent ouverts sur les routes de Puebla, Toluca et Queretaro. Les guérillas ne tardèrent pas à disperser les travailleurs, et la sécurité, sans laquelle tout commerce est impossible, au lieu d’augmenter, ne fit que diminuer. La Belgique a conservé l’affligeant souvenir de la catastrophe qui attendait au Rio-Frio, à deux étapes de Mexico, le retour de la mission extraordinaire envoyée par le roi Léopold pour complimenter le nouvel empereur. Tombée dans une bande de partisans prévenus de son passage et apostés sur la route, l’ambassade crut de son honneur de se défendre, et ne ramena en Europe que des morts et des blessés. Les chefs d’escorte français peuvent dire de leur côté avec quelles difficultés les convois de ravitaillement confiés à leur garde montent des terres chaudes sur les hauts plateaux : les bêtes de somme s’y noient encore dans les boues du chemin le plus important, celui qui relie le port de Vera-Cruz à Mexico. Comme on le sait, l’établissement des chemins de fer était resté très arriéré au Mexique. A l’arrivée des Français en 1862, la république ne comptait encore qu’une quarantaine de kilomètres environ de voies ferrées, répartis en deux tronçons commencés à chaque extrémité de la grande ligne destinée à relier là capitale au golfe. Le premier tronçon transportait les voyageurs de Vera-Cruz à Medellin et à la Pulga. Sous l’impulsion du commandant en chef français, impatient d’arracher nos troupes aux maladies des terres chaudes, ce tronçon a été continué jusqu’au Chiquihuite, c’est-à-dire prolongé d’une soixantaine de kilomètres. Le second va de Mexico à Chalco, première station de la ligne qui doit descendre à