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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 septembre 1866.

La guerre d’Allemagne et les changemens qu’elle a opérés dans la constitution germanique n’ont jusqu’à présent produit d’autre effet officiel en France que la démission de M. Drouyn de Lhuys, celui de nos ministres qui avait eu entre ses mains depuis l’origine jusqu’à la fin les questions dont la solution a si prodigieusement surpris l’Europe. Il va sans dire que nous ignorons les incidens particuliers qui ont déterminé la retraite de M. Drouyn de Lhuys. On ne peut cependant voir la sortie d’un homme de ce mérite avec une indifférence, silencieuse.

La premières pensée qui vient à l’esprit à propos de la démission du dernier ministre des affaires étrangères, c’est qu’en dépit des théories modernes sur la responsabilité, la nature et la force des choses reprennent leurs droits ; il est impossible aux ministres de décliner la responsabilité politique. Nous avons eu occasion d’en faire plus d’une fois la remarque en ces dernières années, nos ministres des affaires étrangères ont conservé en matière de responsabilité les scrupules et les procédés du régime parlementaire. Le chef de l’état peut ou doit, dans l’intérêt général et permanent du pays, modifier sa politique selon les circonstances ; le ministre des affaires étrangères ne peut point désavouer devant un échec ou un obstacle insurmontable les idées et le système qui ont inspiré sa conduite. C’est ainsi que nous avons vu le portefeuille des affaires étrangères abandonné par M. Walewski lorsque l’idée de l’unité italienne prévalut définitivement contre le système fédératif imaginé dans le traité de Zurich, par M. Thouvenel quand l’empereur voulut, essayer de la prolongation du statu quo à Rome, aujourd’hui enfin par M. Drouyn de Lhuys, quand il est avéré que la France renonce à toute immixtion ou ingérence dans les affaires d’Allemagne, quand il est convenu qu’il ne sera point donné suite aux espérances d’accroissement territorial que la lettre du 11 juin avait montrées à la France,