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LUCILE DÉSENCLOS
ÉTUDE DE LA VIE DE CAMPAGNE

À Mme  h.-c. jenkin.

I.


Au sortir de la petite ville de Saint-Clémentin, en remontant la rive gauche de la Charente, on rencontre au bout d’un quart d’heure le hameau de l’Hermitage, où la route se divise : l’un des chemins se prolonge à travers les prés ; l’autre, pierreux et montant, escalade la colline et conduit au moulin des Ages. À cet endroit, la vallée s’évase mollement, les coteaux opposés semblent s’être reculés pour laisser le champ libre à la rivière, dont les eaux lentes décrivent une longue courbe entre deux rangées d’aunes et de saules. À droite et à gauche s’étendent des prés à l’herbe drue ; de grandes haies les séparent, et tout à travers des sentiers s’enfoncent, ombragés de noyers trapus ; les uns mènent à la rivière, les autres vont aboutir à quelque borderie[1] précédée de figuiers noueux et de tonnelles de vigne qui lui font comme un vestibule de feuillée. En amont, du côté des Ages, la vallée paraît close par un fouillis d’arbres de toute taille et de toute essence ; en aval, l’horizon est borné par des peupliers, au-dessus desquels se montrent les pignons dentelés et les tourelles aiguës de Saint-Clémentin. C’est un frais paysage, doux à contempler, surtout au printemps, quand la lumière jeune et gaie s’harmonise avec les pousses nouvelles et les bouquets blancs de l’aubépine.

  1. Métairie.