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planètes, ainsi que tous les phénomènes qui intéressent le gouvernement d’un vaisseau. C’est en effet de l’observatoire de Greenwich que le navigateur attend les lumières suffisantes pour reconnaître sa position sur mer, celle des lieux où il doit aborder et des écueils qu’il lui faut éviter le long de la route. L’astronome qui épie les mouvemens du ciel sur la colline du parc tend la main par-delà l’immensité de l’océan au marin égaré sur le grand désert d’eau, et force en quelque sorte les étoiles à le conduire vers le port. Mais comment peut-il en être ainsi, et quel est le moyen de trouver la longitude en mer ? Qu’on suppose un vaisseau abandonné aux vents pendant la nuit près des rochers ou des bancs de sable dont il se croit encore éloigné. Le ciel est voilé de ténèbres, et le nautonnier a perdu son chemin. Tout à coup une éclaircie entre les nuages permet de distinguer un groupe d’étoiles et la lune. Le nocher consulte aussitôt son Almanach nautique, puis à l’aide d’instrumens et de calculs bien connus des marins il ne tarde point à découvrir, par la situation des astres, quelle heure il est dans l’endroit où se trouve à présent le navire. Comparant ensuite cette heure avec celle de son chronomètre, qui a été réglé avant le départ sur l’horloge de Greenwich, il reconnaît aisément son degré de longitude ; qui ne sait en effet que la différence du temps donne dans ce cas-là celle des distances ? La confiance rentre à l’instant même dans le cœur du matelot, car il sait maintenant où il est et peut voguer en brave sur la mer dont il prévoit les embûches.

De tous les astres qui se rattachent à la navigation le plus important est sans contredit la lune ; c’est aussi pour elle que l’observatoire de Greenwich a été fondé. Depuis longtemps, cet établissement s’est illustré par ses études sur notre satellite. Jusqu’en 1814, l’on avait recours à lui pour tous les renseignemens relatifs aux études pratiques du ciel : depuis lors les astronomes allemands se servent des observations du soleil faites à Kœnigsberg ; mais celles de la lune défient et défieront sans doute longtemps toute rivalité. C’est au point que le ministre de la marine française écrit de temps en temps à l’astronome royal de Greenwich pour obtenir les tables lunaires de cet établissement, qui font autorité dans toute l’Europe. Et pourtant dès 1840 M. Airy avait été frappé d’une grave lacune dans les moyens alors connus de surveiller cet astre. Les observations par exemple obtenues à l’aide du transit-circle ne peuvent nullement avoir lieu au moins quatre jours avant et quatre jours après la nouvelle lune, parce que ce corps céleste se trouve alors trop