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L’ADMINISTRATION
ET
L’HÔTEL DES POSTES

Au mois de mars 1850, un jour que j’étais en Nubie, assis près d’un temple ruiné auquel un dromos de lions a fait donner le nom de Séboua, je vis un vieillard qui courait sur la berge du Nil. D’une main il agitait une clochette, de l’autre il soutenait sur son épaule un bâton de palmier au bout duquel pendait un petit sac en peau de gazelle. À son approche, chacun se rangeait avec empressement et le saluait au nom de Dieu clément et miséricordieux. Poussé par la curiosité, je l’interpellai : — Eh ! l’homme, qui es-tu ? et où vas-tu si vite ? — Je suis courrier de la poste du vice-roi, sur qui soient les regards du prophète, et je ne puis m’arrêter. — Il continua sa route rapide, et je l’avais déjà perdu de vue que j’entendais encore le tintement de sa sonnette.

Dans ce pays d’Orient, si lent à se transformer, si rebelle, à cause des dogmes fatalistes qui le régissent, aux améliorations que l’Europe tente de lui apporter, la poste locale est restée telle que Cyrus l’a instituée pour la première fois dans le monde, cinq cent soixante ans avant Jésus-Christ. Hérodote et Xénophon racontent qu’il avait divisé son empire en stations calculées sur les forces moyennes d’un cheval, afin de pouvoir être en relations permanentes avec tous les agens de son pouvoir ; cent onze relais séparaient Suze de la mer Égée[1].

  1. La Bible donne quelques détails sur l’organisation postale de la Perse ; on lit dans Esther, VIII, 9 : « Les secrétaires du roi furent appelés en ce temps, le vingt-